Lost World: Beyond the page: Le pouvoir des mots

L’avant dernier jeu que je me suis acheté est Lost World: Beyond the page comme vous vous en doutez sur Nintendo Switch.

Voici pour commencer les commandes du jeu.

Lost World: Beyond the page fait partie de la liste de jeux, encore trop peu nombreux, qui cherchent à faire ressentir une émotion en abordant des thèmes douloureux sur notre média préféré. Tout en finesse et en délicatesse, à la manière de Rime ou de Gris, le titre du studio Sketchbook Games aborde la perte d’un être cher sans faux-semblant, mais avec beaucoup d’humanité. Est-ce suffisant pour en faire un immanquable de nos Nintendo Switch ? La vision que nous avons du jeu vidéo est en grande partie au cœur de la réponse à cette question.

Deux mondes, une histoire:

Barbara est une jeune fille qui pour son anniversaire a reçu un journal. Passionnée d’écriture, elle livre à travers les pages de ce cahier ses inquiétudes personnelles et le début d’une histoire fantastique. Le jeu se découpe de cette manière en deux parties bien distinctes : une première qui se concentre sur l’écriture du journal et les confessions de notre narratrice et une seconde sur l’épopée merveilleuse d’une héroïne prête à tout pour sauver les siens. Les deux univers font bien évidemment écho, à la fois dans leur gameplay puisque nous retrouvons de la plateforme et des puzzle games dans les deux avec toujours cette luciole qui permet de déplacer les mots, mais aussi dans leur histoire.

L’histoire inventée par Barbara n’est autre qu’une traduction poétique et fantaisiste de la réalité. Puisque nous parlons d’inspiration, ajoutons que la direction artistique entre les délicates aquarelles et la silhouette de la protagoniste rappelle un peu Child of Light. Autrement dit, c’est réussi.

Le pouvoir des mots:

Pour la partie journal, nous sommes témoins d’un douloureux épisode familial, la grand-mère maternelle de la jeune fille est tombée malade et doit séjourner à l’hôpital. Nous allons donc suivre l’évolution de l’état de santé de cette vieille dame et nous plonger par la même occasion dans les tendres souvenirs qui unissent ces deux générations. Et pour faire avancer ce récit, le jeu vous demande de déplacer l’avatar de Barbara sur les phrases et jouer avec les mots afin de passer à la page suivante. Il suffit parfois d’atterrir sur une partie d’une phrase pour voir la suite se déployer. Certains mots peuvent être déplacés pour faciliter la progression du personnage, d’autres prennent tout leur sens en offrant des actions. Par exemple, le mot « nuit » glissé sur le soleil va faire tomber l’illustration dans l’obscurité.

C’est intuitif et plutôt malin. Le pouvoir des mots s’accentue avec l’imagination de l’écrivaine. Dans le monde magique d’Estoria, l’alter ego de cette dernière reçoit une dernière leçon de la part de celle qui lui a tout appris et devient ainsi la nouvelle gardienne du village. Celui-ci est ravagé une nuit par un immense dragon et pour la survie de son peuple, notre héroïne part en quête des lucioles et rétablir l’équilibre de son monde, le livre des mots sous le bras. Cet accessoire recueille les différents mots décisifs rencontrés au fil de la partie et qui délivrent une action indispensable pour avancer dans chacun des niveaux. Certains sont permanents, d’autres disparaissent une fois leur utilité passée. C’est ainsi que vous allez pouvoir « casser » les différents obstacles qui se dressent sur votre chemin, « réparer » des ruines pour faciliter votre parcours, mais aussi « brûler », « faire silence », « ignorer », etc.

Un conte interactif bouleversant:

Très facile à prendre en main, mais pas toujours simple d’exécution. A cela s’ajoute quelques petits bugs où l’aventurière se met à flotter et parfois, refuse de courir. C’est assez rare pour ne pas gâcher l’expérience, sachez simplement qu’ils existent. Pas de difficulté non plus dans les passages qui impliquent de la réflexion. Car l’environnement avec lequel il faut interagir s’accompagne d’une légère surbrillance. Il n’y a pas de situations complexes qui nécessitent de se creuser les méninges progresser, tout apparaît clairement.

Résultat, Lost World: Beyond the page peut se terminer d’une traite, en seulement quatre heures. L’absence totale de challenge pourrait en rebuter certains et je dois avouer que ma première impression n’avait rien de formidable: « oh, un jeu ludo-éducatif pour apprendre à lire. » Quelle erreur. Après l’introduction, quand l’histoire se délie, difficile de s’arrêter. L’épreuve que cette jeune fille doit endurer profite d’une mise en scène intelligente. La fiction devient un refuge et adoucit à sa manière la dure réalité. Vécu comme un conte interactif, le titre réussit tout de même à nous impliquer émotionnellement. A de minces occasions, le jeu vous donne la possibilité de faire des choix de dialogues, ou de choisir un nom, une couleur. Ça n’a pas véritablement d’impact dans le jeu, mais c’est une douce façon de nous laisser écrire une partie de l’histoire, nous aussi.

Voici ma vidéo de gameplay qui vous présente tous le chapitre 01.

Lost World: Beyond the page #01: Partie 01.

Conclusion:

En offrant une narration magnifique tout au long de ses deux histoires qui s’imbriquent et s’alternent parfaitement, Lost World: Beyond the page aurait pu être un must-have de nos Nintendo Switch. Malheureusement la trop grande différence de réalisation entre ses deux parties en fait une expérience bancale. Bien que vraiment poignant à certains moments, des soucis techniques et un manque de variété dans son gameplay rendent le titre trop inégal. Il n’en reste pas moins un titre extrêmement plaisant et que j’ai vraiment à parcourir tout au long des six heures nécessaires pour en venir à bout, et cela, à un tarif raisonnable de 15€.

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