C’est formidable la télépathie. Qu’on puisse vous appeler où que vous soyez, à n’importe quel moment, c’est quand même extraordinaire. Imaginez: vous êtes dans la rue en train de rêvasser sur des nouvelles techniques de tortures orientales quand, tout à coup, on vous appelle ! Rendez-vous compte ! Si jamais on pouvait inventer un système pour que tout le monde puisse faire ça, la planète s’en retrouverait chamboulée ! On ne pourrait plus faire un tour sans que notre mère n’appelle pour dire de rentrer car il commence à faire nuit et qu’à cette heure il y a pleins de voyous qui veulent vous faire du mal et qu’elle a peur hou qu’elle à peur. Hum… ce n’est peut-être pas une si bonne idée que ça. Heureusement finalement que ce genre de truc n’existe pas. Prions pour qu’il n’apparaisse jamais.

Quoi qu’il en soit, si je vous raconte toutes ces psychiqueries c’est parce que justement on venait de me contacter par télépathie ! Et oui ! C’était Lady Voodoo, et j’étais prié de me
rendre expressément dans sa noble demeure, le même endroit où un coffre avait de grandes chances d’abriter des cadavres humains.

D’ailleurs, j’y étais déjà. Mais ce n’était pas le cas de Lady Voodoo, son trône étant vide. Mais, décidément ce devait être la mode dans le coin, elle apparut dans un éclair bleuté qui déchira la pièce et surtout mes pauvres yeux. Tout en les frottant je la saluai de manière originale :
– Ca doit vous coûter cher ce genre d’illumination, non ?

Assise, le visage impassible et heureusement caché par l’ombre, elle me fixait.

– Ecoute-moi, fils, je t’ai fait venir pour te remettre un objet important pour ta quête.

J’espérais seulement que ce ne serait pas le glucus de dromadaire en gelée que je venais
d’apercevoir sur une des étagères.

– Approche-toi, m’ordonna-t-elle d’une voix à glacer le sang.
– Que vas-tu me faire ? Me mordre ?

Elle me fixa, droit dans les yeux. Elle me forçait grâce à l’un de ses maudits pouvoirs à lui obéir ! Impossible de lui résister ! Je m’approchai d’elle comme un morceau de fer vers un aimant. Tellement rapidement et si près que je lui tombai dessus la faisant basculer hors de son trône. Après nous être redressé elle me dit :

– Pourquoi as-tu peur ?
– C’est pas moi qui tremble… C’est mes genoux !

Elle m’adressa un sourire amusé, tout en déposant discrètement dans la poche de mon « Pierre Cradingue » un liquide verdâtre fluorescent qui ressemblait fort au glucus de dromadaire dont, je crois, j’ai parlé précédemment. Ma poche enfla, prenant des mesures défiant les imaginations les plus fertiles ! Grandissant démesurément, elle atteignit au moins la dimension de la pièce. Elle recouvrait tout et continuait à gonfler quand elle passa par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel : rouge, vert, jaune, bleu… euh… in…digo ? Et euh… enfin, peu importe.

Alors que je m’agitais à faire de grands moulinets avec mes bras pour me dégager du tissu de la poche géante, celle-ci se dégonfla brusquement en me faisant voler dans tous les coins de la maison, jusqu’à reprendre sa couleur et dimension initiale.

Je me tournai vers la voyante, les yeux hors des orbites, attendant qu’elle me donne une explication à ce tour de cochon (31).

– J’ai donné à ta poche le fabuleux pouvoir de transporter un nombre aussi important d’objets que celui des pirates demeurant et demeurés de cette île.
– Vous voulez dire que je peux désormais mettre n’importe quoi dans cette petite poche ?

Elle hocha la tête.

– Mais ça va prendre de la place ? lui criais-je. Sans parler du poids !

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31. A ce dernier mot, vous pouvez retirer la 2eme, 3eme et 4eme lettre pour comprendre le réel fond de ma pensée à ce moment-là.