Bruno Cremer, décédé samedi à l’âge de 80 ans, restera sans doute pour le grand public l’incarnation du commissaire Maigret, rôle que le comédien d’origine belge interpréta pour la télévision pendant 14 ans, même s’il a derrière lui une riche carrière au cinéma et au théâtre. Il est décédé samedi dans un hôpital parisien, a annoncé dimanche à l’AFP son agent France Degand. Le comédien luttait depuis plusieurs années contre un cancer.
« De Maigret, je n’ai gardé que ce qui me convenait, j’ai essayé de
gommer le côté vieillot, pantouflard, paternaliste. Ce qui lui manque, c’est l’humour », disait-il, ajoutant: « Mon seul regret est de ne pas avoir obtenu de lui faire fumer le cigare et non la pipe ». Bruno Cremer est né le 6 octobre 1929 à Saint-Mandé, près de Paris, d’une mère d’origine belge et d’un père qui prendra la nationalité belge parce que la France n’avait pas voulu l’accepter comme soldat durant la guerre, contrairement à la Belgique.
Après ses études secondaires, il suit des cours de théâtre au
Conservatoire à Paris. Il fait partie de la cuvée 1952, celle de
Belmondo, Marielle et Rochefort: « C’était ma jeunesse, nous formions une bande insouciante qui ne se prenait pas du tout au sérieux ». Il joue Oscar Wilde, Shakespeare, Anouilh. S’il débute au cinéma avec Alain Delon dans « Quand la femme s’en mêle » en 1957, sa carrière s’accélère vraiment en 1964 avec la « 317e section » de Pierre Schoendoerffer. Il se spécialise dans les films militaires, les rôles de flic teigneux et les histoires d’espionnage où il fait le coup de poing tout en usant de délicatesse et d’intelligence.
110 films et téléfilms
Au fil des années, son registre se fera plus discret et émouvant.
Il travaille beaucoup avec Yves Boisset et Jean-Claude Brisseau et
joue, entre autre, dans « Le Bon et le méchant » de Claude Lelouch,
« L’Etranger » de Luchino Visconti, « Le Convoi de la peur » de William
Friedkin, « Noce blanche » de Jean-Claude Brisseau avec Vanessa Paradis. A son actif, plus de 110 films et téléfilms, selon son agent. A partir de 1991, il succède à Jean Richard pour incarner à la télévision Maigret, le flic créé par georges Simenon. « Il y a cent mille Maigret. Simenon le fait évoluer, se contredire. Je l’ai tiré vers sa part de mystère et je lui ai apporté un semblant d’humour, un regard un peu ironique », dit-il.
Il ne renoue ensuite avec le long métrage qu’en 2000, avec le film « Sous le sable » de François Ozon et « Mon père, il m’a sauvé la vie », film autobiographique de José Giovanni. En 2002, il retrouve Pierre Schoendoerffer dans « Là-haut, un roi au-dessus des nuages ». Dans « Maigret et l’Etoile du Nord » diffusé en 2005, il apparaît amaigri et fatigué et sa voix a dû être doublée en raison de son cancer. Ce sera son adieu au commissaire. Bruno Cremer avait trois enfants.