A saisir: terrain sur la Lune à partir de 12 euros

L’entreprise américaine Lunar International, basée à Fremont en Californie, propose à la vente des droits sur la terre lunaire, autrement dit des propriétés sur la Lune. Une démarche aussi osée que loufoque.

Sur son site internet disponible en cinq langues, Lunar International affirme haut et fort que son commerce est légal. C’est un cadeau qui durera plusieurs vies et que vous pourrez regarder presque tous les soirs vante aussi la page d’accueil, traduite dans un français approximatif.

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La société offre des emplacements dans plusieurs régions telles que la Mer de la Tranquillité (23,99 euros l’acre), le Lac des Rêves (21,49 euros l’acre), la Baie des Arcs-en-ciel (19,99 euros l’acre), les Alpes lunaires (18,99 euros l’acre) ou la Mer des Pluies (17,99 euros l’acre). Chaque zone est évoquée par un descriptif original qui donnerait presque envie d’aller s’y installer: « Cet endroit est en passe de devenir l’un des sites les plus en vogue de la Lune. Le très beau Lac des Rêves (« Lacus Somniorum » en Latin, parfois appelé « Le Lac du Sommeil »), situé sur la bordure Nord-est de la Mer de la Sérénité, propose des propriétés à proximité du pittoresque Cratère Daniell et des vues merveilleuses de l’énorme Cratère Posidonius. Vous avez envie de romance? Cette idée-cadeau unique est un vrai rêve ». La version anglaise du site suggère même des offres spéciales pour la Saint-Valentin, la fête des mères et la fête des pères.

Jusqu’à 2 hectares:
Les propriétés s’étendent sur un à cinq acres, soit de 4.000 à 20.000 m² environ. L’acheteur qui se risquerait à une telle acquisition disposerait de tous les droits de propriété, c’est-à-dire la revente, la location, le don et le choix de succession après sa mort, selon Lunar International. La société précise que le droit de propriété est immédiatement enregistré auprès de l’International Lunar Lands Chronicle, constituant la « preuve formelle » de l’achat.

Développer l’immobilier privé:
Concrètement, le package contient un titre de droit « superbement parcheminé », une photo satellite de la propriété ainsi qu’un relevé d’informations comprenant le détail géographique de la région sélectionnée. En outre, chaque acheteur devient automatiquement membre de la Society for Lunar Exploration and Developments (SLED), dont les buts principaux sont de faire retourner des êtres humains sur la Lune et d’y développer l’immobilier privé.

Argent perdu:
Il convient de souligner que la propriété extraterrestre n’est reconnue par aucune autorité. Ce qui n’empêche pas certaines organisations, comme Lunar International, de vendre des terrains, jolis certificats à l’appui.

Refus du « premiers arrivés, premiers servis »
Malgré le fait que les Etats-Unis étaient les premiers à « se poser sur la Lune », ils n’en sont pas les propriétaires et ne pourraient en aucun cas en revendiquer la propriété, vu les dispositions du traité lunaire des Nation Unies, explique le site de Lunar International.

Liberté d’accès:
Le traité de l’espace, ratifié en 1967, pose les fondements juridiques de l’exploration spatiale et prévoit une liberté d’accès des Etats à l’espace extra-atmosphérique, sans que l’un d’entre eux puisse toutefois se l’approprier.

Flou juridique exploité:
Le traité lunaire, finalisé en 1979 et entré en vigueur en 1984, interdit la propriété de biens immobiliers extraterrestres. Il s’applique à la Lune et aux autres corps célestes du système solaire, hormis la Terre. Cependant, très peu de pays à part la Belgique l’ont ratifié. Certains estiment donc qu’il existe un vide juridique en la matière. Leurs prétentions immobilières n’ont jamais été validées par la justice.

Intention d’occupation:
Les experts des Nations unies considèrent que le statut de Lune correspond au concept légal de res communis, qui signifie que chacun la détient collectivement. De toute façon, il est communément admis qu’en cas de découverte de terres inconnues, il ne suffit pas de revendiquer la propriété du territoire pour acquérir le terrain pour de bon: le propriétaire qui se manifeste doit aussi pouvoir prouver son intention de l’occuper, ce qui, concernant la Lune ou une quelconque planète, est évidemment impossible à l’heure actuelle.

« Ici, Apollo… demande permission d’alunir »
Au cours de l’Histoire, plusieurs personnes se sont revendiquées comme propriétaires de la Lune. En 1953, l’avocat chilien Jenaro Gajardo Vera avait ainsi enregistré la propriété de l’astre en versant 42.000 pesos. L’acte fut officialisé l’année suivante. La légende raconte qu’en 1969, le président Nixon aurait demandé la permission de l’avocat pour l’alunissage d’Apollo 11.