Les Aristochats (1970)

Le 24 décembre 1970, tout le monde voulait devenir un cat, nos Aristochats fêtent leur 52ème anniversaire aujourd’hui !

Histoire:

Mme de Bonnefamille a décidé de léguer sa fortune à ses chats bien aimés. Mais Edgar, son cupide maître d’hôtel, veut hériter à leur place. Il les kidnappe et les abandonne en rase campagne. Duchesse et ses trois chatons doivent retrouver le chemin qui les ramènera à Paris. O’Malley, un malin matou vient à leur rescousse. Il leur fera découvrir les toits de Paris et rencontrer ses comparses, talentueux musiciens de jazz.

Analyse de l’oeuvre:

Les aristochats est à la fois le dernier grand classique et le premier à naître après la disparition de l’illustre présidant fondateur Walt Disney, décédé en 1966. C’est ainsi le dernier film dont il approuva le lancement de la production, mais également le premier pour lequel il ne participa pas du tout au processus créatif. Bien que n’ayant jamais été amateur de la race féline, Walt Disney acquit dès l’année 1962 les droits d’une histoire de chats parisiens qui servit de base au récit. Après sa disparition, c’est Wolfgang Reitherman qui reprit les rênes de la production du film afin de remotiver ses troupes quelque peu déstabilisées et passablement démotivées. Les aristochats est donc avant tout une oeuvre de transition pour les studios Disney, mais également un immense baroud d’honneur en hommage à Walt Disney avant que la compagnie n’entame sa longue traversée du désert.

Le scénario de Les aristochats, tout comme son côté artistique, se révèlent beaucoup plus léger que les projets précédents. Pourtant, cette légèreté est une incroyable force du film. Son aspect visuel crayonné lui donne un cachet inimitable du plus bel effet, les animaux sont extrêmement expressifs et naturels, tout comme les trois personnages humains. Si les aspects du scénario rappellent inévitablement les grandes lignes de La belle et le clochard (pour le couple formé entre Duchesse et O’Malley) et de Les 101 dalmatiens (le kidnapping d’animaux), Les aristochats s’affranchit très vite de ses illustres aînés pour nous concocter une aventure tout aussi rocambolesque que romantique. Le film est également l’occasion de mettre en scène un premier « méchant » qui ne l’est pas vraiment et qu’on adore détester Edgar. Edgar est en effet « au début du film tout du moins » un maître d’hôtel tout ce qu’il y a de plus honorable malgré ses quelques défauts. Ce n’est qu’à partir du moment où il va surprendre une conversation entre Mme de Bonnefamille et son notaire que naîtra en lui une immense méprise. Ce qui va lui faire tourner la tête et réveiller sa cupidité. Dès lors, même si ce dernier ce révèle fourbe, impossible de ne pas apprécier ses prestations à l’écran. C’est l’archétype même du méchant comique inoubliable, l’un des tous premiers parmi les Grands Classiques, qui ouvrira la voie à bien d’autres du même acabit (qui a dit le Prince Jean ?) par la suite.

Pour une fois, évoquons en premier lieu les divers personnages secondaires de Les aristochats. Ils sont tellement adorables les uns et les autres, que c’est naturel de vouloir les mettre en avant. Evoquons Adélaïde de Bonnefamille, la femme parisienne du grand monde mais malheureusement désespérément seule. N’ayant apparemment aucune famille, elle porte une grande estime dans son coeur pour ses uniques chats. Parlons ensuite de Frou-Frou la jument, qui devient malgré elle la confidente d’Edgar, lui-même persuadé que celle-ci ne la comprend pas. Discutons de Roquefort, la souris espiègle confortablement installée dans la maison de Mme de Bonnefamille et qui ne craint aucunement ses « normalement » prédateurs. Arrêtons-nous surtout sur le superbe duo canin constitué par Lafayette et Napoléon dont le seul but dans la vie est de poursuivre à peu près tout et n’importe quoi. Napoléon étant d’ailleurs irrésistible à plus d’un titre, et capable avec sa seule oreille de vous décrire un objet ou une personne dans ses moindres détails. Attendrissons-nous devant les deux oies avec si peu de jugeote et leur oncle un peu trop mariné. Faisons également une petite place pour le dynamique Georges Hautecourt dont la fougue met au défi son grand âge. Terminons enfin par les Scat Cats, cette bande de matous mélomanes prêt à tout pour aider leurs nouveaux amis. Vous l’aurez compris, la panoplie des personnages secondaires de Les aristochats est remarquable.

Et si ces personnages d’arrière plan constituent une belle brochette, ils ne volent à aucun moment la vedette aux personnages principaux de Les aristochats. Duchesse est de nature gracieuse, elle met un point d’honneur a être toujours courtoise et délicate. Elle utilise un langage des plus raffinés qui contrebalance d’autant plus face au moins charmant et brusque O’Malley. Duchesse est réellement une personne de la bonne société, autrement plus distinguée que ne pouvait l’être Lady avec qui Duchesse est souvent comparée. Duchesse est aussi une maman, certainement veuve, de trois adorables chatons, la petite Marie qui sera sans doute aussi ravissante que sa mère plus tard, le rebelle Berlioz qui prendra sans nul doute exemple sur O’Malley lorsqu’il sera adulte, et l’enjoué Toulouse qui se partage les bons et mauvais côtés de ces frère et soeur. Contrairement à Duchesse qui bénéficie d’une personnalité propre, O’Malley est au contraire identique au Clochard, liberté et frivolité sont leurs points communs. Ils bénéficient tout deux de la même approche, de la même personnalité et du même entourage, heureusement O’Malley se différencie sur deux points particuliers, il est plus habile dans l’art de la séduction et, surtout, il chante comme personne !

Car il faut le clamer haut et fort, Les aristochats est une invitation à la fête tant l’ambiance musicale est entraînante. Les chansons sont habilement intégrées au récit, le rythme est soutenu, l’humour sans infantilisme et les protagonistes irrésistibles. On adhère inévitablement à ces rythmes jazz. Le film ne souffre d’ailleurs d’aucun temps mort, ce que rehausse l’exceptionnelle bande originale qui apporte profondeur, humour et véritable plaisir au spectateur. Toutes, ou presque, les chansons ou balades que comptent le film s’imprègnent dans notre cerveau de manière indélébile et ceci dès le premier visionnage. Je suis certain que les quelques mots suivant vont immédiatement évoquer quelque chose en vous, « Do Mi Sol… », « Marche des oies », « Tout le monde »… N’avais-je pas raison ?

Les aristochats est donc l’oeuvre du passage de relais entre l’avant et l’après Walt Disney. Sans aucun doute le seul film qui aura encore été marqué de sa prestance malgré sa disparition, car les artistes des studios Disney ont clairement voulu lui rendre un dernier et digne hommage sur l’art qu’il avait propulsé au sommet du box office à de nombreuses reprises par le passé. Mais Les aristochats marquera aussi le déclin et la perte de conviction des studios Disney pour ce genre cinématographique durant les années qui suivirent, des productions plus conventionnelles et nettement moins ambitieuses. Les aristochats est l’annonciateur du début de la plus longue des léthargies des studios Disney.

Voici deux bandes annonces.

Les Aristochats (1970): Bande annonce.

Les Aristochats (1970): Bande annonce DVD.

Pour terminer et aussi faire suite à la deuxième bande annonce, voici les photos du DVD qui m’avait été offert en cadeau il y a maintenant plus de 15ans.