Ils dansent sur « I Will Survive » dans le camp d’Auschwitz

Une vidéo pensée comme artistique, mettant en scène une famille juive qui exécute une chorégraphie sur la chanson « I Will Survive » à Auschwitz et dans d’autres sites européens liés à l’Holocauste, a reçu récemment plus de publicité, à cause de la polémique qu’elle entraîne. Les images controversées ont été visionnées plus de 435.000 fois sur le site YouTube depuis le mois de janvier.

La vidéo montre une famille australienne dansant sur le classique « I Will Survive » (soit « je survivrai », en français), notamment devant le portique « Arbeit Macht Frei », à Auschwitz, en Pologne, mais aussi à Dachau, en Allemagne, et à Terezin, en République tchèque.

L’artiste Jane Korman a tourné le petit film l’été dernier, lors d’un voyage avec ses enfants et son père de 89 ans, Adolek, prisonnier rescapé d’Auschwitz. « L’installation Dancing Auschwitz émerge de mon désir de créer une oeuvre qui véhicule une interprétation plus fraîche de la mémoire historique. De cette façon, les leçons du passé ne seront pas oubliées », a développé l’artiste sur son site internet. « En créant une nouvelle réponse mélangeant la danse, les trois générations et le souvenir, j’ai fait tout mon possible pour capturer l’émotion poignante du passé, l’incertitude du présent et la possibilité d’un avenir plus tolérant », a encore expliqué Jane Korman.

Message d’espoir et de vie
« Si quelqu’un m’avait demandé à l’époque si je reviendrais 60 ans plus tard avec mes petits-enfants, je l’aurais envoyé à l’asile », a témoigné son père au micro de la BBC. « Nous avons d’abord prié pour les victimes avant de commencer à danser », a précisé Adolek. « Je ne m’attendais pas à ce que tant de personnes voient la vidéo, mais je trouve ça formidable », a commenté le rescapé, qui souligne tout l’espoir de la vidéo, son message tourné vers la vie.

Manque de respect
« L’oeuvre » a reçu une réponse mitigée du public, tantôt choqué par l’idée, tantôt ému par le sens. Bon nombre de personnes qui ont vécu les atrocités de la Seconde Guerre mondiale ont pointé du doigt le manque de respect du concept.

Banalisation
« Je ne vois pas en quoi cette vidéo est une marque de respect pour les millions de personnes qui n’ont pas survécu, ou même pour ceux qui ont survécu, d’ailleurs », s’est indigné un survivant polonais, cité par la presse britannique. « Cela banalise les horreurs qui ont été commises dans ces endroits », a-t-il estimé.

Au-delà des sites d’information, la vidéo a aussi été reprise par des sites internet néo-nazis, avec les commentaires haineux que l’on devine.