Les mémoires d’un pirate (126)

LeChuck se retourna vers celui qui avait osé douter de sa virilité. Ce gars là, c’était moi. Je n’avais pu me retenir.

– Bon sang ! marmonna Carla en me voyant avancer d’un pas décidé vers l’autel.
– Qui êtes-vous ? demanda le prêtre abasourdi.

Arrivant devant LeChuck, je passai ma main sur le visage pour dégager cette farine qui masquait mes vraies couleurs. Il n’en revenait pas de me voir vivant, et de venir en plus gâcher le plus beau jour de sa vie à égalité avec le jour où sa mère lui avait offert un super camion de combat rouge pour son trentième anniversaire. C’est étrange ? Elaine ne s’était même pas retournée vers moi. Elle restait plantée devant l’autel sans bouger d’un poil. Ces maudits fantômes avaient dû la droguer !

– Ca par exemple ! s’écria LeChuck en reconnaissant mon magnifique visage.
– Tu ne te marieras pas avec le gouverneur ! lui lançai-je.

Mes compagnons ne savaient plus où se mettre. Ils devaient se demander, à juste titre, ce qui m’avait pris pour risquer de faire foirer toute l’opération.

– Ah oui ? fit LeChuck. Et comment crois-tu m’en empêcher ?

Soudain, une longue corde descendit du plafond de l’église. A la surprise générale, le gouverneur en descendit avec grâce, non pas dans une robe de mariée, mais sa tenue habituelle de flibustier.

– Gouverneur ! m’écriai-je en la voyant se réceptionner au sol.

LeChuck tira un regard des plus étonnés. Il regardait de ses yeux éberlués le gouverneur et son double en robe de mariée.

– Gouverneur ? s’écria-t-il à son tour devant le regard surpris des spectateurs.

Alors que Goodnight jurait de ne plus toucher à la boisson, le vrai gouverneur se mit à me parler en me regardant tendrement.

– Oh, Guybrush, espèce de fou inconscient ! Je suis impressionnée par ton courage, mais ce n’était pas du tout nécessaire. J’avais la situation bien en main. Malheureusement, ton arrivée me force maintenant à montrer mon jeu.
– Comment… qui… mais… quoi… je… oh… baragouinait LeChuck dont l’esprit n’avait toujours pu assimiler un tel dédoublement.
– Comment es-tu arrivée à t’échapper ? demandais-je à Elaine.
– Ce n’était pas difficile. LeChuck est un bouffon.
– Tu permets ? fit la personne concernée plutôt vexée.
– Comprends-moi Elaine ! Si j’ai fait tout ça, c’est parce que je pensais que LeChuck allait se marier avec toi !
– Oui. Et moi aussi ! lui confirma l’ex-futur époux.
– Oui, lui aussi ! fit Elaine. Mais j’allais surprendre tout le monde au moment où le marié embrasse la mariée.
– Comment ça ? fis-je. Qui porte ta robe de mariée ?

Nous nous retournâmes tous vers la fausse Elaine. LeChuck se calma un peu mais continua à grommeler tout bas. Il commençait à se dire qu’on cherchait à se payer de sa tête.

La mariée voilée se retourna vers nous à son tour. Elle enleva délicatement son voile. Mais bouillant d’impatience, LeChuck arracha lui-même les vêtements de cette contrefaçon. Deux singes sympathiques étaient cachés en dessous, l’un étant dressé sur les épaules de l’autre ! Celui qui tenait son compagnon était tout noir, l’autre étant d’une teinte grise-blanche. Celui du haut portait un pichet avec vaporisateur à la main. De la bière de racine ?

– Par le diable en petite culotte ! s’écria le fantôme LeChuck qui n’était décidément pas au bout de ses surprises.
– Ne leur fais pas peur ! me dit Elaine d’une voix douce. Ils ont ma bouteille de bière de racine anti-fantôme.

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