Nous avançâmes l’un après l’autre dans l’église. Je vous l’avais dit que cette feinte était super. Mais soudain, alors que tout semblait bien se dérouler, le fantôme arrêta Otis.
– Otis ? dit le fantôme étonné.
– Oh ! Ca va Headaches ? Comment va ta migraine? Demanda Otis mal à l’aise.
– Beaucoup mieux depuis que tu me l’as guérie en m’enfonçant un sabre entre les deux yeux. Merci beaucoup.
– De rien.
Otis tenta d’avancer vers l’église mais Headaches le stoppa net. Bon sang ! Il avait fallu qu’ils se connaissent et qu’Otis soit en plus son assassin ! J’espérai que les spectres n’étaient pas rancuniers. Mais j’avais des doutes là-dessus. En général, s’ils errent toujours sur terre au lieu de faire la fête en enfer ou au paradis c’est pour embêter le monde.
– Je ne savais pas que tu étais mort ! dit Headaches ravi.
– Hé bien oui ! fit Otis. C’est la euh… vie.
Il tenta une fois encore de se faufiler dans l’église mais Headaches mit son bras osseux devant lui pour lui barrer le chemin.
– Pas si vite vieux.
Ca tournait mal. Le fantôme regardait son assassin d’une drôle de manière. Il l’observait sous toutes les coutures.
– Tu ne ressembles pas à un fantôme ! lui dit-il soudain.
– Ah toi aussi tu trouves ? lui répondit Otis.
– Tu es bien trop rose.
– Oh, ça ! C’est un coup de soleil.
Le pire c’est que c’était la vérité ! Mais Headaches ne semblait pas convaincu.
– Tu n’as même pas la voix d’un fantôme, lui dit-il d’un ton acerbe. Tu pourrais au moins gémir, ou hurler, ou agiter des chaînes ?
Otis poussa un gémissement ridicule :
– Bouhouhouhouhouaaaaaaaaah !
– On dirait mon chien… dit le fantôme.
– On fait ce qu’on peut !
C’est vrai qu’on aurait dit un chien ! C’était rigolo !
– Où sont tes chaînes ? continua de questionner le fantôme.
– Et les tiennes alors ? répondit intelligemment Otis ce qui ne lui ressemblait pas.
– Elles se font dégraisser à la teinturerie.
– Quelle coïncidence ! Les miennes aussi !
Otis faisait des pieds et des mains pour convaincre ce maudit spectre, lequel ne semblait pas décidé à se laisser berner aussi facilement. Et Headaches ne cessait de le harceler pour le forcer à se trahir.
– D’accord, admettons. Mais où est ton odeur d’outre-tombe, de pourriture et de moisi ? lui demanda-t-il.
Moi je trouvais qu’Otis sentait suffisamment mauvais comme ça. Jamais je n’aurais pensé qu’on puisse le piéger sur ça. Et ce ne fut d’ailleurs pas le cas :
– Oh, tu veux dire ça ! répondit Otis en pointant un doigt vers le bas. Je vais enlever mes bottes…
Mon dieu, pardonnez notre misérable petite âme !
– Non merci ! s’écria Headaches en reculant d’un grand pas.
– Je peux y aller maintenant ? fit Otis énervé.