Les mémoires d’un pirate (104)

Nous sortîmes de la chambre d’amis, dehors, les indigènes exécutèrent une danse joviale et se mirent à chanter. Deux minutes plus tard, il se mit à pleuvoir des cordes. Nous retournâmes dans la chambre d’amis.

– Fichu temps ! s’exclama Lemonhead.
– Mais où sont les autres cannibales ? demanda soudain Meethook.
– Ils sont partis en vacances à Tahiti. Ils avaient besoin de se changer les idées, répondit Lemonhead.
– Pourquoi êtes-vous là, vous ?
– Il fallait bien que quelqu’un reste ici pour vénérer la tête de singe non ?

Tout en regardant la pluie qui tombait, je m’adressai au chef des indigènes. Il avait quelque chose que je voulais.

– J’ai ouï dire que vous possédiez un double de la clé de la tête du singe. Je me demandais si par hasard…

Le cannibale tapa nerveusement du pied et jura en un drôle de dialecte, mais pas la peine d’être sorcier où d’avoir son DEUG de langue cannibale pour comprendre ça.

– Nous ne l’avons plus ! aboya-t-il. Un maudit naufragé sans pantalon nous la volé !

Toothrot ? Ah ça c’était le comble.

– Enfin, disons plutôt qu’on l’a échangé contre un drôle d’objet, avoua Requin.
– Le ramasse-banane™ ! m’écriais-je en touchant ma tête.
– Oui, et j’aimerais le récupérer un jour ! fit la voix d’Herman Toothrot.

Nous sursautâmes tous.

– Il est énervant quand il fait ça, vous ne trouvez pas ? me chuchota Requin à l’oreille.
– Oui. Très.

Monstre Rouge accueillit son visiteur en lui criant dessus :
– Rends-nous la clé de la tête du singe, vieux bouc !
– Rendez-moi d’abord mon ramasse-banane™ ! s’écria Herman. J’en ai assez que vous me fassiez mijoter ! Au sens figuré, bien sûr.
– Bon.

Lemonhead alla chercher l’objet, qu’ils avaient sans doute ramené avec moi de la tête du singe.

– Aahh ! Merci mille fois ! J’allais abandonner tout espoir de le revoir un jour ! Tenez…

Il sortit d’on ne sait où un énorme coton-tige en métal d’au moins deux mètres de long et le déposa aux pieds des cannibales. Les indigènes se penchèrent pour le ramasser. Quand ils se relevèrent, Herman avait disparu avec sa précieuse invention.

Le chef des cannibales se tourna vers moi en souriant. Enfin, avec son masque qui souriait toujours il était forcé de le faire, mais sa voix enjouée me montrait qu’il n’était pas
malheureux de retrouver sa précieuse clé.

– Je ne la prêterai plus jamais à personne, faites-moi confiance !

Oh, ce n’était pas vraiment ce que je voulais qu’il me dise.

– … sauf bien entendu pour un autre strip-tease de la femme métis, cela va de soit, ajouta-t-il en regardant timidement le bout de ses pieds.

Nous nous retournâmes tous vers Carla.

– Bon d’accord ! cria-t-elle. J’aime ça de toutes façons. Mais pas devant les membres de l’équipage, compris ?
– C’est pas juste ! criâmes-nous tous en choeur.

Lemonhead brandissait un appareil-photos tout content.

– Ca tombe bien : je suis allé acheter une pellicule.
– Allons dans la case d’à côté, dit Monstre Rouge.
– C’est pas juste ! répétâmes-nous tous.

Non, ça n’était vraiment pas juste. C’était toujours les mêmes qui rigolaient !

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