Les mémoires d’un pirate (102)

– De l’argent ?
– Pas vraiment.
– Un abonnement à « Corsaire magazine » ?
– Non, mais vous me faites penser qu’il faut que je me réabonne.

Le second frappa à la porte, il sembla avoir récupéré sa mâchoire ou celle d’un autre. Il lui donna quelque chose que l’obèse capitaine cacha derrière son dos imposant.

– Gouverneur… Vous allez vite comprendre mon souhait.

Il lui montra l’objet :
– Une robe de mariée ? s’exclama Elaine peu rassurée.
– Oui. Vous allez devenir mon épouse.
– Je ne crois pas que mon père serait ravi de me voir sortir avec un mort-vivant zombi putride.
– Ca veut dire oui ?

Soudain, elle se jeta sur lui tête baissée. Le type étant un spectre, elle le traversa comme on traverse un courant d’air, ce qui ma fois n’était pas si mal. Elle se précipita hors de la cabine de son fiancé et se retrouva sur le pont, avec toujours la dizaine de spectres fêtards.

– Bonjour gouverneur ! lui dit l’un d’eux. Le capitaine vous autorise enfin à vous promener librement ?

Elle courut vers la passerelle reliant le navire à un sol noir et charbonneux.

LeChuck sortit de sa cabine en hurlant :
– NE LA LAISSEZ PAS S’ECHAPPER !

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la pauvre Elaine se retrouva encerclée par tous les pirates du pont, sauf le second du navire qui venait de reperdre sa mâchoire et qui coursait ce sale cabot qui venait de repartir avec.

– Qu’est-ce que vous attendez ? hurla LeChuck. Arrêtez-là !

Désespérée, Elaine prit son élan et se jeta sur l’échelle de corde qui menait au grand mât.

Les fantômes furent totalement enchantés de voir le gouverneur se déhancher pour grimper jusqu’en haut. Ils avaient une belle vue et n’étaient pas pressés que ça change. Mais LeChuck leur fit vite comprendre qu’ils avaient intérêt à se remuer tout autant qu’elle.

L’un d’eux s’envola et lui attrapa la jambe. La belle cria en lui balançant son pied dans la tête. Le pauvre explosa en mille morceaux. Il lui faudrait du temps pour recoller les morceaux. Surprise par une si facile victoire, Elaine ne vit pas un autre fantôme qui venait sur elle. Il l’attrapa et la décrocha sèchement de son échelle de corde. LeChuck regarda avec délectation son spectre tournoyer dans le ciel avec sa belle prise à la main.

– J’aimerais autant que vous ne m’obligiez pas à devenir veuf avant les noces, gouverneur ! lui cria-t-il.
– C’est pourtant déjà mon cas ! répondit-elle la tête en bas.
– Gouverneur, s’il y a bien une partie de votre corps que je trouve, presque, inutile, c’est votre langue. Vous m’avez compris ?

Elaine baissa, ou plutôt remonta, la tête. Cette fois, c’était la fin. Le spectre qui la tenait la redescendit doucement sur le plancher du navire fantôme. Elle ne fut pas si soulagée que ça de se retrouver une fois encore devant ce gros capitaine LeChuck à l’haleine fétide.

– J’ai déjà fixé la date du mariage, lui précisa LeChuck pendant que son second la reconduisait à la cale. Et je connais une petite église charmante pour célébrer nos noces.

Vous allez adorer.

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