Les mémoires d’un pirate (087)

Troisième partie: Les profondeurs de l’île aux singes

Chapitre 11: La ballade des gens paumés

Brûlant. C’était le mot que je cherchais. Le sable était terriblement chaud. Et ma tête y était entièrement enfoncée. Et pourtant ce n’était pas le plus gênant : mon postérieur était en feu, et quand je dis en feu, je parle de véritables flammes. Et pas moyen de hisser ma tête hors de ce maudit sable !

Quelqu’un s’approchait de moi. Otis ? Meethook ? Carla ? Ou bien Goodnight? N’importe qui, pourvu qu’il m’aide à éteindre ce feu de mes fesses et à me sortir de là !

– Salut ! fit une voix joviale mais inconnue. Je me présente : Herman Toothrot !

Incroyable ! L’un des anciens proprios du bateau ! S’il venait pour se plaindre ce n’était
pas vraiment le moment !
– Mmmh ! fis-je en guise de réponse.
– Surtout ne te force pas à me dire bonjour, continua-t-il. Ca fait tout juste vingt ans que je n’ai pas parlé à quelqu’un de civilisé. Je peux encore attendre.
– Mmmmh !

Ce qui voulait dire « Sorts-moi de là crétin ! ».

– Bien. Au fait, tu devrais éteindre ce feu. Ils sont interdits sur la plage.

Puis il partit en me laissant à mes problèmes de cuisson. Soudain, d’autres personnes s’approchèrent et me hissèrent hors du sable. C’étaient Otis et Goodnight. Sans prendre le temps de les remercier, je plongeai dans la mer. Quel soulagement ! Mais mon beau pantalon était foutu. Il serait difficile à présent de commander une troupe indisciplinée avec les fesses pratiquement à l’air. Hum… Heureusement que les flammes n’avaient pas eu le temps de s’attaquer à mon caleçon 100% coton. Tout en restant assis dans l’eau, je regardai mes compagnons : ils étaient dans un sale état. Sauf Carla qui n’avait pas une égratignure. Qu’est-ce qu’on peut faire avec un peu de maquillage ! A moins que ce qu’avait dit Otis…

Nous étions sur l’île aux singes, maintenant. Mais nous n’avions plus de moyen de locomotion. Le Singe des Mers finissait de couler à pic à l’horizon, nous le regardions tous sombrer en nous demandant comment nous allions rentrer chez nous à présent. J’espérais qu’ils avaient oublié leur idée de me jeter aux requins en tout cas.

– On est refait ! s’écria Carla.
– C’est pas si mal, dédramatisa Otis. Regardez ces plages ! On pourrait facilement ouvrir un club de vacanciers ici, les touristes feraient la queue pour…
– Ne dit pas de bêtises Otis ! s’écria alors Goodnight. Je n’ai pas l’intention de manger des bananes le restant de mes jours !
– Pourquoi pas ? C’est bon les bananes, répondit Otis. Une banane par jour, c’est la santé toujours ! La banane fait tourner le monde, mes amis !

Je sortis hors de l’eau. Seul Otis semblait enthousiaste de la situation actuelle. Il fallait que j’en profite avant qu’ils ne ressortent leur crème solaire.

– J’ai peut-être une idée pour rentrer… leur dis-je.
– Oh non… fit Meethook. Encore une idée…
– On doit libérer le gouverneur, fis-je.
– Qu’est-ce que je disais ! s’écria Meethook.

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