Les mémoires d’un pirate (085)

Et c’est à ce moment que je me suis réveillé. Oui je sais. C’est dommage. Mais il faut voir les choses du bon côté : si je m’étais réveillé deux minutes plus tard, mes mémoires auraient été interdites aux mineurs. Avouez que ça aurait été dommage non ?

J’étais tout mouillé et je me sentais tout drôle. Je me sentais bien, mais étrange. Plusieurs jours avaient passé depuis mon évanouissement, je le sentais. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? M’étais-je trompé quelque part dans la recette ? Les ingrédients étaient pourtant les bons ? C’était à n’y rien comprendre. Mes idées étaient peu claires et ma vision brouillée. Et quel mal au coeur ! Je jetai un bref regard à l’intérieur de la marmite : oh non ! Tout avait brûlé ! Il ne restait plus rien, sauf une vieille poulie rouillée qui avait survécu plus ou moins à la cuisson. Tout ce mal pour rien.

Je montai en titubant sur le pont du Singe des Mers. Mes camarades pourraient peut-être m’expliquer où en étaient les opérations. Nom d’une sacré vessie d’Orang-Outang ! L’île aux singes se tenait devant mes yeux tout ronds ! Elle était là ! Apparue comme par magie ! C’était diablerie ou je ne m’appelais plus Guybrush Threepwood !

Quelle merveille exotique : des kilomètres de plage s’étendaient tout autour de ses côtes, tout comme la verte végétation qui caractérisait tellement cette île. Une véritable jungle ! Pas étonnant qu’on la surnomme l’île aux singes, ça devait fourmiller de macaques là-dedans. Quelques collines surmontaient la végétation. Dans une clairière se dressait une grande tête de Singe en pierre. Elle était complètement à l’Est de l’île, au-dessus d’une grande crique. Fantastique ! On était sans aucun doute possible sur l’île du repère de l’obèse LeChuck.

Les membres de mon équipage dormaient paisiblement sur leur chaise pliante. Eux aussi avaient dû être victimes du gaz de mon ragoût. Je me précipitai sur eux pour les réveiller. Otis fut le premier à ouvrir les yeux et la bouche :
– Mince ! On est au paradis !
– Vous avez vu ? dis-je tout excité. Nous sommes arrivés sur l’île aux singes !

Ils se réveillèrent tour à tour. Y compris Goodnight. Tous restèrent ébahit à la vision de cette île qui, comme l’avait si bien souligné Otis, était paradisiaque.

– Dis-nous quand tu auras trouvé le gouverneur, dit Goodnight avant de se rendormir.
– On lui garde une chaise longue, ajouta Meethook.

Ah non ! Ils n’allaient pas me refaire ce coup là !

– On coule, dit sobrement Carla
– Quoi ? criâmes-nous tous en choeur sauf Goodnight qui dormait depuis longtemps.

Elle nous montra un point sur le pont. On aurait dit une belle fontaine. Il ne manquait plus que ça ! Quoiqu’en y réfléchissant bien, il ne pouvait rien arriver de mieux. S’ils voulaient sauver leur peau, ils seraient obligés d’abandonner leur chaise et leur crème solaire.

Otis jeta la chaloupe à la mer. Elle ne remonta jamais. Ca par contre c’était plutôt embarrassant. Je doutais que les requins qui attendaient patiemment leur dîner en bas, nous laissent rejoindre la plage de l’île aux singes. J’en avais bien affronté récemment, mais ils n’étaient que deux, et pas une dizaine. Ils n’étaient pas aussi gros peut-être mais eux ne sortaient pas de mon rêve. Pas de panique. Il fallait juste trouver une idée.

– Qu’est-ce qu’on va faire ? paniqua Meethook en se mettant à danser une danse cosaque.
– On pourrait jeter Guybrush aux requins, proposa Otis. Après tout, c’est lui qui nous a amenés ici.

Ils se retournèrent tous vers moi. Alors, elle venait cette idée oui ou…

– Attendez ! Je sais ! m’écriais-je alors qu’ils commençaient à me balancer d’avant en arrière pour me jeter au loin.
– On t’écoute, fit calmement Carla.
– Vous promettez de m’aider à sauver Elaine de l’ignoble, l’atroce, l’abominable…
– Abrège, dit Goodnight qui venait de se réveiller.

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