Les mémoires d’un pirate (049)

– Non.
– Non ?
– Non.
– Ah.

Je restai bouche-bée. Je n’oserai plus mettre la main dans cette poche, de peur de ne plus la trouver !

– Tu te demandes sûrement comment retrouver ce que tu désires dans un tel débarras ? me dit la voyante.
– Exact. Tu n’es pas voyante pour rien finalement.

En fait, je n’y avais même pas songé mais il était inutile de passer pour plus bête que ce que je ne l’étais.

– Il te suffira d’y penser très fort. Rien de plus.
– Penser ? C’est tout ?
– C’est beaucoup demander pour un pirate tu sais… Le pouvoir du « Black Hole » est puissant jeune inconscient. Ne le sous-estime pas.
– Et puis-je transporter un humain ?
– Certes pas ! Ce n’est pas une agence de voyage ! Ni humain, ni même aucun être vivant ! Et puis il y a autre chose que le Black Hole ne peut transporter…
– Attendez une minute là… Ni humain, ni êtres vivants et je ne sais quoi d’autre encore ?

C’est de l’arnaque pure et simple votre truc ! Remboursez, non mais remboursez vous dis-je !

Elle me regarda d’un air un peu étonné :
– Cette fois-ci non plus tu n’as rien payé…

Je la regardai d’un air un peu étonné :
– Ah. Oui. Donc vous disiez ? C’est quoi l’objet dont vous parliez là…?

Elle me regarda d’un air, non pas étonné, mais sensiblement gêné, même embarrassé.
– Le Black Hole ne peut transporter de… Ramasse-bananes™. Sa conception est bien trop complexe pour mes maigres pouvoirs…

Il y eut un grand silence… un ramasse-bananes™… Qu’étais-je sensé répondre à ça ? Et au moment où une syllabe aurait pu s’échapper de ma bouche, l’effroyable Lady Voodoo disparut comme elle était apparue. Heureusement que je n’étais pas épileptique, cela dit en passant.

Sans plus attendre, je testai les qualités de mon nouveau gadget, vidant mon sac dans ce que Lady Voodoo appelait communément le Black Hole. Par tous les sangs ! Elle n’avait pas menti ! C’était si léger, que dis-je : ça n’avait aucun poids ! Cette satanée magie vaudou commençait à me plaire : après m’avoir rafistolé à la suite d’un combat épique, voilà t’y pas qu’elle me retirait – réellement- un poids !

Mais il me fallait revenir les pieds sur terre. Je perdais mon temps aujourd’hui alors qu’il me restait encore l’épreuve du vol. J’attendais quoi exactement ? Que l’idole aux mains nombreuses ne me tombe toute crue dans les miennes ? Disons qu’il y avait une raison pour laquelle j’avais momentanément stoppé mes épreuves : j’avais peur. Non pas des gardes, ni même des caniches-piranhas venimeux… quoiqu’un petit peu quand même… Non, j’avais peur de me faire pincer par le gouverneur les mains nombreuses de l’idole dans le sac. Elle ne voudrait plus jamais me revoir, jamais elle ne pourrait me pardonner de m’être faufilé chez elle pour lui ravir une pièce de collection unique. Jamais elle ne me pardonnerait une telle infamie. Mais… Guybrush… Es-tu un homme ou une souris ? semblait me crier la voix de ma conscience. Je devais le faire. Il le fallait. Ainsi je serai enfin le pirate que j’avais toujours désiré être.

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