– Ouais…
– C’est ici que TOUS les pirates ont commencé leur terrible carrière de voleurs, d’étripeurs et de saccageurs ?
– Yep, mon gars !
– Et bien, je suis ici avec la ferme intention de devenir pirate à mon tour !!!
Le pirate partit dans un fou rire qui me demanderait trois pages de description. Je donne ici la version courte : ses postillons vinrent s’écraser sur ma figure. Il rit tant qu’il faillit presque en crever. Mais malheureusement il survécut à son fou-rire et me dit :
– Toi, un pirate ? Laisse-moi (encore) rire ! J’espère que tu plaisantes gamin.
– Mais pas du tout ! rétorquai-je énergiquement. Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle dans cette affaire. J’ai toutes les qualités requises pour ce métier, j’ai même acheté un tatouage à eau.
– Dis-donc : ta baby-sitter sait que tu te promènes à cette heure dans une île truffée de bad boys ?
Ca c’était une insulte.
– Non mais sérieusement, reprit-il, t’as ton BAC au moins ?
Mon sourire hébété lui fit rapidement comprendre le contraire.
– Je vois… marmonna-t-il. Tu sais Tripouille…
STOP ! Tripouille ? Avais-je entendu Tripouille ? Bon sang ! Cet énergumène venait de faire la plus grosse boulette de sa vie de guetteur myope ! S’il y avait une chose que j’avais en horreur, c’était bien que l’on écorche mon doux nom ! Du sang avait coulé à cause de ça. Je me souvins qu’un jour un camarade de classe nommé Georges Glandu, m’avait appelé Guybrush « Niquedouille ». Et bien, je peux garantir qu’il n’a jamais répété cet outrage. En effet, le lendemain il était partit avec ses parents émigrer en Afrique. Pas à cause de moi mais parce que c’était prévu depuis longtemps. Je crois que je m’égare encore.
– Je m’appelle THREEPWOOD ! Guybrush Threepwood !
– Je vois… fit-il impressionné. Tu sais euh… « machin », tu as plus l’air du Petit Prince que d’un pirate.
Comment lui donner tort ? Soyons objectif : dans ma belle chemise blanche « Pierre
Cradingue » en satin et ma culotte noire de velours que ma grand-mère avait achetée en
promotion au marché, je n’avais rien d’une terreur. Sans parler de mes chaussures noires à boucles dorées qui brillaient à des kilomètres. Je m’étais néanmoins laissé pousser les
cheveux, suffisamment pour me faire une queue de cheval. Mais ils n’étaient même pas sales. Si je les laissais pourrir ça me grattait, j’avais des plaques et c’était une horreur. Et puis, à part mes cheveux longs je n’avais ni les yeux crevés, pas même un, ni la mauvaise haleine, ni les vêtements déchirés. Même pas une minuscule boucle d’oreille. Ah si ! J’avais une petite cicatrice sous le nez que je m’étais faite en combattant contre dix personnes en même temps…
Bon, j’avais dit pas de secret, donc voilà la vérité : je m’étais pris une porte. Voilà je
l’ai dit, maintenant lâchez-moi. Et puis zut ! Je serai le premier pirate en bon état de marche !
– Si tu es sérieux, reprit le myope, va parler au CONSEIL DES PIRATES. Tu peux les trouver au SCUMM BAR au village.
– Super ! Merci, j’y vais ! Au revoir ! C’est bien beau tout ça mais l’aventure m’appelle !
Le myope m’adressa un petit sourire.
– Bonne chance, mon garçon.
Enfin ! J’allais devenir pirate ! Un vrai en plus ! Du genre de ceux que l’on trouve dans
les romans d’aventure. Mes rêves allaient enfin se réaliser et rien ne pouvait retenir ma joie, même pas mon caleçon. C’était si simple : pour devenir pirate je n’avais qu’à me rendre à ce… euh… au… flûte…