Le jeudi, jour de fermeture du Lavomatic dans lequel il travaille, Alphonse aime bien se rendre chez son ami Pierre-Alain. En général, ils passent des heures à jouer au billard tout en se racontant les derniers potins sur Jean-Hubert, le voisin.
Pierre-Alain : Ha ha ha ! Tu verrais la tronche de son petit dernier ! On ne sait même pas dire s’il ressemble plus à sa mère ou à son père ! Ha ha ha ! Enfoiré !
Alphonse : Ha ha ! C’est clair ! D’ailleurs il est passé chez toi aujourd’hui Jean-Hubert non ?
Pierre-Alain : Heu… non pourquoi ?
Alphonse : Parce que ça pue ! Ha ha ha !
Pierre-Alain : Ah non, ça c’est… Viens voir.
Grand silence sur le jardin poussièreux.
Alphonse : Ah ben oui, effectivement…
Pierre-Alain : C’est tout Jean-Hubert ça. Il me fera chier jusqu’au bout.
Alphonse : C’est son oeil là qui flotte sous le nénuphar ?
Pierre-Alain : Non c’est son lobe d’oreille. Son oeil droit s’est fait bouffer par le gros poisson noir là, hier. Le gauche avait déjà disparu mardi.
Alphonse : Ah.
Toujours chez son ami Pierre-Alain, Alphonse s’est découvert une autre passion : le poker. Pierre-Alain y joue souvent avec Jean-Hubert, et un jour Alphonse a voulu voir si ça pouvait l’intéresser lui aussi. Et il a adoré ! Son compte en banque, lui, a moins bien apprécié cette nouvelle lubie.
Alphonse n’a gagné qu’une seule partie sur les 563 qu’il a jouées, mais qu’importe, l’important c’est de participer comme on dit. Il a juste dû réduire un peu son budget « vêtements » depuis, mais rien de grave.
Par contre, Alphonse est sûr et certain que Lucien, le petit con de neveu de Pierre-Alain, triche à chaque partie.
Et selon l’avis d’Alphonse, Lucien doit être de mèche avec Jean-Hubert. Ils le regardent toujours avec un air entendu, et cela trouble Alphonse. Oui, ils se sont certainement légués contre lui pour le faire perdre. Il faudra qu’il en parle à Pierre-Alain un de ces jours.