Si j’avais eu un beau poulet en plastique (19) je n’aurais eu aucun mal à l’assommer d’un coup sec. Mais ce n’était pas le cas. Il fallait bien reconnaître que la Reine du Sabre avait raison, c’était folie que de m’être aventuré jusqu’ici aussi précipitamment.

– En tout cas, reprit-elle, tu ne te défendras évidemment pas avec ton esprit agile. Va prendre d’abord quelques leçons chez le capitaine Smirk. Ce ne serait ni moral, ni sportif, ni MÊME intéressant de me battre avec un débutant comme toi. Allez. Laisse-moi maintenant.

Bon. Je lui ai répondu qu’oui et j’ai pensé que si on l’appelait, elle y compris, la Reine du Sabre ce n’était sûrement pas à cause de son beau T-Shirt moulant en sueur qui portait cette effigie. Sur ce, je partis. Suivant les pétales de fleurs jaunes je retrouvai la sortie de la forêt. Je me retrouvai à son croisement initial. Si je n’avais pu accomplir l’épreuve de l’épée pour le moment, l’instant me paraissait particulièrement propice pour terminer une bonne fois pour toutes l’épreuve de la chasse ! J’avais toutes les cartes en main. Enfin, je n’en avais en réalité qu’une seule, mais ma deuxième main tenait la pelle. Bref, j’étais paré, mais j’arrête de blablater pour ne rien dire car je sens que l’ennui vous gagne mes chers lecteurs.

Déroulant la carte au trésor, je me mis à danser selon les pas de l’enivrante « Danse du Singe » qui fut, je le rappelle, le grand tube de l’année dernière avec l’autre succès de l’été, la célébrissime « Macaquerena ». Et les pas n’avaient rien de simple ! Non, non, non ! Et c’est à plusieurs reprises que je me pris des arbres de plein fouet. Soit ils avaient poussé après la réalisation de la carte, c’est à dire l’été dernier, soit je n’étais pas aussi bon danseur que Barbe Jaune Trévolté, qu’il ne faut, cela dit en passant, jamais mettre en boite le samedi soir, car quand on l’énerve celui-là il a une de ces fièvres ! (20) Mais passons sur ces anecdotes qui n’intéressent personnes. Après tout, si quelqu’un à la fièvre le samedi soir, il n’a qu’à rester couché, un point c’est tout.

Retournant au point de départ de la carte, je décidai cette fois de me concentrer bien à fond, de laisser la musique (qui n’y était pas, mais bon, il fallait bien faire avec) pénétrer au plus profond de mes entrailles dégoûtantes et surtout de procéder avec la carte à l’endroit. Fermant les yeux, je me lançai à corps perdu à la recherche du fabu… légendaire trésor de l’île de Mêlée. Je me sentais tant enivré par la danse du singe qu’il me semblait entendre la musique chantée et jouée par les Gipsy King-Kong !

Tout allait pour le mieux lorsque je percutai une borne touristique plantée là. J’étais arrivé sur les lieux tant cherchés.

Je me relevais, puis lus à haute voix l’inscription sur la borne :
– « Le trésor légendaire de l’île de Mêlée : l’histoire de l’île de Mêlée reconstituée ici avec soin, a émerveillé des milliers de pirates amateurs et leur famille depuis des générations.

Rappelez-vous qu’il y a d’autres pirates sur cette île, ALLEZ-Y MOLLO SUR LE TRESOR (cette phrase clignotait par je ne sais quelle magie de la technologie). Laissez-en un peu pour les autres ».

Bien. Cette fois, aucun doute n’était permis : il y avait bien un trésor dans les parages. Et qu’il fut légendaire, fabuleux ou touristique ne m’intéressait guère. L’important était avant tout qu’il me permit de finir un tiers de ma quête. Mon Dieu… seulement un tiers.

Bon. Comment savoir où se trouvait précisément l’objet de ma quête ? En général, un
trésor caché est toujours indiqué par un « X ».

– Le voilà, dis-je tout haut en baissant la tête en direction de mes pieds.

Juste en face se trouvait une plaque métallique contenant de nouvelles instructions :
– « Ici se trouve un trésor d’une richesse inimaginable… enfin vous devez le déterrer
pour le croire (publicité payée par le syndicat d’Initiative de l’île de Mêlée) ».

Etrange. Il me semblait tout de même qu’on me forçait la main sur cette épreuve…

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19. Vous savez bien ! Avec une poulie au milieu !
20. Oui, je sais. Elle est un peu tirée par les cheveux celle-là…