Les mémoires d’un pirate (119)

Il jongla avec sa tête, afin de détendre l’atmosphère.

– Il me donne le tournis, déclara la tête de navigateur dans les bras de Goodnight.
– Dis-moi où se trouve le navire fantôme, demandais-je au squelette.
– Si je te le dis, tu promets de ne pas me faire de mal ?
– C’est promis.
– D’accord… Ils sont tous partis au mariage.
– Quel mariage ? s’inquiéta Carla.
– LeChuck se marie avec le gouverneur de l’île de Mêlée. Je me demande ce qu’elle à de plus que moi, répondit le second de LeChuck en faisant jongler encore une fois sa tête.

Il y eut un grand silence. Le ciel sembla me tomber sur la tête. LeChuck épousait Elaine ? Moi vivant, jamais !

– Où se passe le mariage ? demandais-je avec la ferme intention de l’interrompre.
– Il y a une église charmante sur l’île de Mêlée. C’est là.
– L’île de Mêlée ???

Tout mon équipage me regarda méchamment. C’était ce que l’on devait appeler un cercle vicieux.

– J’abandonne, déclarais-je en m’asseyant au côté du spectre. J’en ai marre de leur courir après !

Le squelette me fixa de ses yeux vides et me réprimanda :
– Tu ne vas pas abandonner maintenant ! dit-il. Tu fais un drôle de héros !
– Tu as raison ! fis-je revigoré par ces paroles. Je dois absolument arrêter ce mariage !
– Bon courage, me dit le fantôme.
– Merci.

Soudain, une question bête m’effleura l’esprit :
– Mais au fait : qu’est-ce que tu fais là, toi ?
– J’ai fait tomber ma tête dans la lave. Je suis allé la chercher mais lorsque je suis revenu, ils étaient déjà partis.
– C’est bête, lui dis-je en vaporisant un peu de bière de racine sur ses vieux os.

Rien qu’une giclée et le fantôme se mit à rapetisser et rapetisser jusqu’à disparaître totalement en faisant « Pop ! ». Ben quoi ? Vous ne pensiez tout de même pas que j’allais affronter LeChuck sans connaître la réelle efficacité de la mixture, non ?

– Il faut arrêter ce mariage ! lançai-je fièrement à mon équipage.

Otis me mit un bras autour du cou et me tapota le ventre.

– C’est bien beau tout ça, mais on n’a pas de bateau… me dit-il un sourire niais pendu aux lèvres.
– Moi j’ai un bateau, si vous voulez, déclara Herman Toothrot dans notre dos.

Nous nous retournâmes tous éberlués vers le vieux naufragé.

– Comment es-tu arrivé ici sans tête ? demandai-je pétrifié à Toothrot.
– J’AI une tête, répondit-il surpris par une question aussi bête.
– Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire.
– Alors vous venez oui ou non ?
– Tu as vraiment un navire ? demandai-je à Toothrot.
– Oui.
– Mais si tu as un bateau, pourquoi restes-tu coincé ici ?
– Pardon ?
– Je te demande pourquoi tu restes coincé ici si tu as un bateau ?
– Ne t’en fait pas : si tu es coincé, je te sortirai d’ici. C’est la règle du jeu.
– Mais non ! Je… Oh et puis zut !

Je sais que c’est énervant ce genre d’histoire. Pas d’explication, rien. A croire que les scénaristes sont tous des tricheurs. Mais bon, on s’en moque. L’important était qu’il avait un bateau et qu’il fallait que j’arrête le mariage à tout prix. Mais quand même… c’est agaçant ce genre de raccourci, facile, mesquin et gratuit pour faire avancer l’histoire vous ne trouvez pas ?

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