Les mémoires d’un pirate (103)

Quelqu’un me tapait sur les joues. Otis faisait des pieds et des mains pour parvenir à me faire reprendre mes sens.

– Allez, Guybrush ! disait-il, c’est pas le moment de dormir !

J’ouvris enfin les yeux. Ma vision, quoiqu’un peu floue me montra avec surprise tous mes compagnons d’aventure.

– Vous avez réussi à vous échapper ? leur demandais-je.
– Non, pas vraiment.
– Quoi ?

Je tournai la tête pour regarder autour de moi : tonnerre ! Je me trouvais de nouveau dans la chambre d’amis des cannibales. Une ombre imposante et menaçante se dressa devant moi.

– Le voleur de bananes revient toujours sur les lieux du crime, me dit Monstre Rouge.
– Sûrement pas de mon plein gré… répondis-je en me relevant et en me grattant la tête.

Requin sortit de l’ombre de son chef en aiguisant un couteau.

– Maintenant, on le mange ! s’écria-t-il.
– Tu sais combien de cholestérol il y a dans un mec comme ça ? l’avertit Monstre Rouge avant de s’adresser de nouveau à moi. Cette femme, dit-il en désignant Carla, a mérité sa liberté en nous exécutant un petit streap-tease, mais en ce qui vous concerne…

– Elle a fait quoi ?

Je me retournai vers la Reine du Sabre qui faisait mine de regarder ailleurs. La Reine des Dépravés oui !

Otis grondait :
– Dire qu’on a raté ça. Vous avez pris des photos ? demanda-t-il aux cannibales.
– Non, répondit Lemonhead. Mon appareil n’avait plus de pellicule.
– Zut ! répondîmes-nous tous en choeur.

Lemonhead se tourna vers son chef en lui faisant des signes. Il ne fallait pas être indigène
pour les saisir :
– Elle avait une de ces paire de…
– Bon assez, décida Monstre Rouge. Nous ne voulions pas vous manger, mais après ce que vous avez fait à notre palissade près de la tête du singe, vous ne méritez que ça.
– Mais nous n’avons rien fait ! se plaignit Meethook. C’est encore cet imbécile de Guybrush qui…
– Vous ne pouviez pas entrer par la porte, comme une personne civilisée ? me gronda le cannibale.
– C’est que je n’ai trouvé aucune porte, lui expliquais-je.
– Et de toute manière, pourquoi rodiez-vous par là-bas, hein ?

Le regard des indigènes était insoutenable. J’avais intérêt à leur rendre ce que je leur avais pris avant que je n’aggrave mon cas. Je ne voulais pas finir en fricassée. En entrée oui, mais certes pas en fricassée !

Je tendis la petite idole volée aux pieds de la tête. Enfin, la tête n’avait pas de pieds mais… oh, peu importe.

– Tenez, c’est pour vous, lâchais-je gêné.

Les cannibales poussèrent un « Oooooooh ! » de stupéfaction. Comme s’ils n’avaient jamais rien vu d’aussi beau. Monstre Rouge me la prit délicatement des mains et la montra à ses amis.

– Hé bien ! fit-il. C’est impressionnant ! Regardez-moi ce petit bijou !
– Et c’est écrit : « Fabriqué par Lemonhead » comme sur les miennes ! dit Lemonhead émerveillé.
– On devrait la porter au grand singe, dit Requin.
– Oui, je suis d’accord, répondit le chef.

Il se retourna vers nous. Il tendit ses mains vers moi et me prit dans ses bras.

– Je vous avais mal jugé ! nous dit-il. Nous sommes si touchés par ce merveilleux cadeau, il est SI original !

Je n’y comprenais que couic ! Mais mieux valait jouer le jeu. Ces cannibales étaient aussi malins que les pirates de Mêlée.

– Vous êtes libres ! déclara Monstre Rouge en tapant dans ses mains.

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