Les mémoires d’un pirate (100)

– Votre odeur nauséabonde empeste tellement ce rafiot… répondit Elaine sans se déballonner.
– Ah ? Ce doit être mon eau de Cologne, je suppose.

Il prit dans sa main le menton d’Elaine qui détourna son visage de celui de son tortionnaire.

– Vous m’appréciiez plus quand j’étais votre petit toutou de shérif, n’est-ce pas ?
– Vous étiez en effet bien plus aimable, c’est vrai.
– Gouverneur, pourquoi vous obstinez-vous à vouloir nous quitter ? Je venais justement vous inviter à dîner à ma table.

Elaine continua à ignorer ses propos, ce qu’il n’apprécia pas plus longtemps. Il claqua des doigts, un spectre retourna la tête du gouverneur vers le capitaine LeChuck.

– Amenez-là jusqu’à ma cabine, voulez-vous ?

Les deux fantômes la firent avancer en la soulevant du sol. Ils flottaient tous à quelques centimètres du sol. LeChuck continuait de lui conter fleurette :
– Vous savez, dit-il, cela doit faire presque deux ans que je cherche à réaliser un plan démoniaque. Vous ne voulez pas savoir ce que c’est ?

Elaine resta de glace.

– De grâce, cachez votre enthousiasme ! Ce n’est pas tous les jours que l’on vous annonce qu’on va s’emparer de l’île de Mêlée, puis de toutes les caraïbes !
– Parce que vous croyez vraiment qu’on va vous laisser agir à votre guise ? cracha Elaine.
– Tiens ? Vous parlez ? Qui l’eut cru ?

Ils montèrent sur le pont, là où se trouvait une dizaine de fantômes en train de fêter dignement l’annonce de la conquête des caraïbes. Les spectres dansaient en se déhanchant véritablement, chantaient et buvaient. Leurs os s’entremêlaient et ils eurent grand mal à retrouver les leurs par la suite.

– Suivez-moi ! dit LeChuck au gouverneur. J’ai quelques surprise pour vous.
– D’autres surprises ? Je suis gâtée…

Il traversèrent le pont pour arriver dans sa cabine. Une fois à l’intérieur, il ordonna à ses hommes de les laisser.

– Vous allez me violer, c’est ça ? craignit la malheureuse. Vous voulez abuser de ma personne, froisser ma féminité et profiter de la jeune et belle vierge que je suis.
– A vrai dire, je ne pensais pas à ça pour le moment.
– Oh. Vous être trop bon.
– Non, c’est vous qui êtes trop bonne. A tel point que j’ai bien du mal à vous savoir vierge.
– Je ne suis pas vraiment vierge… lui confia-t-elle. Mais ça fait si longtemps qu’un homme ne m’a pas enlacé, qu’une seconde couche de virginité semble s’être reformée autour de moi. Tenez, j’ai un préservatif si vieux, qu’il figurerait sans problème dans un musée d’archéologie !

Elle s’assit sur le lit du capitaine, en baissant les yeux.

– Vous savez ce que c’est, dit-elle toute triste : avec tout ce maudit travail administratif, je n’ai pas le temps de sortir et de rencontrer des gens. Saleté de paperasse qui me gâche mon existence !
– Oui, je comprends, ma belle.
– Moi aussi j’aimerais pouvoir aller danser toute la nuit sur des musiques étranges, boire comme un trou et m’habiller comme une dépravée… Mais je ne peux pas ! Il faut bien que quelqu’un s’occupe de faire marcher notre île, non ?

LeChuck vint s’asseoir à ses côtés.

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