Les mémoires d’un pirate (068)

– Donne-nous l’argent maintenant, et tu t’en tireras sans égratignure, dit le sergent en « Otis pouvait le jurer » croisant les doigts de son unique main.
– Tu crois que je me promène avec une somme pareille, répliqua intelligemment Otis.

Le sergent s’approcha de son ennemi juré pour lui souffler quelques mots à l’oreille. On sentait bien dans le ton que la réponse d’Otis lui faisait plutôt plaisir :
– J’espérais que tu dirais ça…

Otis tourna la tête vers lui et le fixa droit dans les yeux :
– Et alors ? Tu ne vas tout de même pas me tuer de sang-froid ? De tes propres MAINS je veux dire…

Le sergent comme fouetté par la remarque impertinente recula de trois pas avant de se reprendre et d’ordonner l’exécution à son homme, avec un flegme fidèle aux britanniques :
– Castration, dit-il simplement.

Otis envoya son coude dans le ventre de Rambo qui lâcha son couteau. Otis se retourna pour lui administrer un puissant uppercut. Le sergent sortit son long sabre en voyant la triste tournure des événements. Otis s’accrocha à une enseigne et balança avec élan ses pieds dans le visage du manchot. Deux hommes à terre… non, trois puisque l’enseigne venait de se détacher. Le sergent, sonné mais pas KO, se releva en premier et sortit cette fois un pistolet.

Otis était fait comme un rat. L’homme pressa la détente en salivant de plaisir. Mais la détonation fut plus forte qu’à l’accoutumée. La balle s’était coincée dans le canon et avait implosé ! Le pauvre sergent venait de perdre sa seconde main ! Otis finit de l’achever en lui balançant un crochet au visage. Les deux avaient eu leur compte.

« Jolies bottes » songea Otis en enfilant celles du sergent. Juste à sa taille. Finalement, ce jour était béni des dieux. Enfin, tout était relatif et dépendait de quel côté on se penchait. Le sergent par exemple n’était pas particulièrement d’accord avec cette opinion. Rambo Bean qui gisait sous le corps de son chef, reprit connaissance. Il pointait difficilement son doigt vers son agresseur.

– Qu’est-ce qui a ? demanda Otis. Si tu veux un « coup de main », demande-le au sergent.
– Non… C’est que… ta… ta braguette est toujours ouverte…

Otis baissa les yeux. En effet. Il la referma en remerciant l’homme, et quitta les lieux sans plus attendre. Largo le cherchait. Ce n’était pas le moment de rester dans les parages.

Laisser un commentaire