Les mémoires d’un pirate (124)

Nous avançâmes l’un après l’autre dans l’église. Je vous l’avais dit que cette feinte était super. Mais soudain, alors que tout semblait bien se dérouler, le fantôme arrêta Otis.

– Otis ? dit le fantôme étonné.
– Oh ! Ca va Headaches ? Comment va ta migraine? Demanda Otis mal à l’aise.
– Beaucoup mieux depuis que tu me l’as guérie en m’enfonçant un sabre entre les deux yeux. Merci beaucoup.
– De rien.

Otis tenta d’avancer vers l’église mais Headaches le stoppa net. Bon sang ! Il avait fallu qu’ils se connaissent et qu’Otis soit en plus son assassin ! J’espérai que les spectres n’étaient pas rancuniers. Mais j’avais des doutes là-dessus. En général, s’ils errent toujours sur terre au lieu de faire la fête en enfer ou au paradis c’est pour embêter le monde.

– Je ne savais pas que tu étais mort ! dit Headaches ravi.
– Hé bien oui ! fit Otis. C’est la euh… vie.

Il tenta une fois encore de se faufiler dans l’église mais Headaches mit son bras osseux devant lui pour lui barrer le chemin.

– Pas si vite vieux.

Ca tournait mal. Le fantôme regardait son assassin d’une drôle de manière. Il l’observait sous toutes les coutures.

– Tu ne ressembles pas à un fantôme ! lui dit-il soudain.
– Ah toi aussi tu trouves ? lui répondit Otis.
– Tu es bien trop rose.
– Oh, ça ! C’est un coup de soleil.

Le pire c’est que c’était la vérité ! Mais Headaches ne semblait pas convaincu.

– Tu n’as même pas la voix d’un fantôme, lui dit-il d’un ton acerbe. Tu pourrais au moins gémir, ou hurler, ou agiter des chaînes ?

Otis poussa un gémissement ridicule :
– Bouhouhouhouhouaaaaaaaaah !
– On dirait mon chien… dit le fantôme.
– On fait ce qu’on peut !

C’est vrai qu’on aurait dit un chien ! C’était rigolo !

– Où sont tes chaînes ? continua de questionner le fantôme.
– Et les tiennes alors ? répondit intelligemment Otis ce qui ne lui ressemblait pas.
– Elles se font dégraisser à la teinturerie.
– Quelle coïncidence ! Les miennes aussi !

Otis faisait des pieds et des mains pour convaincre ce maudit spectre, lequel ne semblait pas décidé à se laisser berner aussi facilement. Et Headaches ne cessait de le harceler pour le forcer à se trahir.

– D’accord, admettons. Mais où est ton odeur d’outre-tombe, de pourriture et de moisi ? lui demanda-t-il.

Moi je trouvais qu’Otis sentait suffisamment mauvais comme ça. Jamais je n’aurais pensé qu’on puisse le piéger sur ça. Et ce ne fut d’ailleurs pas le cas :
– Oh, tu veux dire ça ! répondit Otis en pointant un doigt vers le bas. Je vais enlever mes bottes…

Mon dieu, pardonnez notre misérable petite âme !

– Non merci ! s’écria Headaches en reculant d’un grand pas.
– Je peux y aller maintenant ? fit Otis énervé.

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