Les mémoires d’un pirate (097)

On avait peu de chance de s’en sortir, mais qui sait ? Et je savais que ce pauvre diable de Toothrot aurait tout donné pour récupérer son précieux ramasse-banane™. Il est vrai qu’une pince géante prolongée de gants rembourrés était irremplaçable. Je le fis glisser dans ma poche. Aussi énorme que fût l’objet, grâce qu Black Hole il rentrerait sans problème… Tonnerre ! Que se passait-il ? Le ramasse-banane™ se mettait à bouger dans tous les sens à l’intérieur de ma poche ! Comme s’il cherchait la sortie de sa prison ! Ma poche ne parviendrait pas à le maintenir bien long… l’objet surgit soudainement du Black Hole en partant comme un véritable missile contre le toit de la case. Il avait fait un trou énorme, une aubaine pour moi, je pouvais m’échapper ! Non, le trou était trop haut, seul Goodnight aurait pu m’aider à sortir par-là, mais cet imbécile dormait encore et toujours. Les cannibales pénétrèrent dans la case avec de grands couteaux de cuisine à la main.

– Que se passe-t-il ? demanda Monstre Rouge affolé.
– Le ramasse-banane™ s’est enfui ! m’écriais-je.
– Célacata ! hurla Requin dans son dialecte indigène.

Je sortis discrètement de la chambre d’amis, pendant que Lemonhead et Requin allaient voir de plus près le trou dans le plafond. Mais où était Monstre Rouge ?

Quelqu’un réprima une quinte de toux. Tournant la tête, je découvris le cannibale, plaqué contre une hutte en paille, à seulement trois mètres de là. Dès que je l’eus aperçu, Monstre Rouge se jeta sur moi, m’entraînant dans la hutte. Nous nous effondrâmes, enlacés, ne cessant de rouler sur nous-mêmes. Près du mur de la grande hutte, je décidai qu’il en était assez. Je m’arrachai à l’étreinte de mon assaillant, je me remis sur mes pieds et traversai le mur en paille en courant, y laissant l’empreinte de mon corps.

Je courus vers la sortie du village, quand Lemonhead me plaqua aux jambes avec son compère Requin. En me débattant, je filai de grands coups de pied à tout ce que je pouvais.

J’avais l’impression d’écraser un citron pressé avec la caboche de Lemonhead, en plus ça n’arrêtait pas de faire « Spouitcht » à chacun de mes coups. Il fut le premier à lâcher prise. Requin fut plus difficile à convaincre.

– Regarde derrière toi ! criais-je. Un singe à trois têtes !

Il se retourna surpris mais il me fallut lui envoyer un grand coup de genoux dans les parties à protéger religieusement pour qu’il me laisse enfin me dégager. Quel crétin ! Tout le monde savait bien qu’il n’y avait plus de singes sur l’île aux singes ! Je décampai vers la
jungle, là où ils ne pourraient pas me trouver aussi facilement.

Lady Voodoo me l’avait pourtant bien précisé que le ramasse-banane™ était un objet bien trop complexe pour être retenu dans la dimension parallèle du Black Hole. Vraiment, des fois il faudrait que j’écoute quand on me parle. Bien que dans le cas présent, mon étourderie avait permis mon évasion, donc ce n’était pas plus mal. Quelle chance quand j’y pense ! Ahahaha ! Qui aurait pu croire que le ramasse-banane™ m’aurait un jour aidé dans mon aventure ? Je revoyais la scène : il était parti vers le ciel comme une fusée et il n’était pas prêt de redescendre, c’est moi qui vous le dis.

Même s’ils n’étaient que trois, je ne me sentais pas d’attaque à leur faire face. Ils étaient armés, moi pas, et avaient surtout une faim de loup. Des loups pas végétariens, ni au régime qui plus est. Mais mes amis étaient là-bas. Je ne pouvais pas les abandonner dans une casserole, ce n’était pas convenable. Mais que faire ? Il fallait que je tente quelque chose ! Et avant le souper si possible, il n’y a rien de plus agaçant que d’arriver en retard à un dîner. Surtout quand vous faites partie du repas.

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