Les mémoires d’un pirate (088)

– Réfléchissez ! LeChuck est le seul à posséder un navire sur cette île déserte !

Goodnight se dressa comme un piquet.

– Tu veux qu’on s’empare de son navire ? bredouilla-t-il.

Carla regarda au loin et se mit à rire.

– Bande de crétins ! Qui nous dit que cette île est la bonne ! Et qui nous dit aussi que LeChuck et sa bande sont bien ici !
– Ca.

Otis arracha une note accrochée au tronc du bananier. Il nous la lut à haute voix :
– « Réunion locale : il y aura une réunion, mercredi soir pour discuter de l’occupation récente de la tête sacrée de Singe par le pirate fantôme LeChuck et des conséquences sur l’environnement et le tourisme. Nous encourageons tous les cannibales de l’île aux singes à y participer ».
– Fascinant, dit Carla.

Oui. Je ne me serais jamais douté qu’Otis sache lire.

– Des cannibales, maintenant ! Ca c’est le pompon ! cria Meethook.
– On ferait mieux de se tirer d’ici avant de finir dans une casserole ! s’écria à son tour Otis.

Ah ! Lui aussi était enfin d’accord.

– Alors ? Que décidez-vous ? leur demandais-je.

Goodnight jeta un galet à la mer. Il le fit ricocher cinq fois et récolta nos applaudissements. Otis tenta à son tour mais se contenta de seulement trois rebonds. Personnellement j’en fis quatre, Carla aussi et Meethook zéro. Mais lui, c’était parce qu’il ne pouvait pas en lancer. D’ailleurs, il trouvait ce jeu débile. Allez savoir pourquoi.

– Je préfère affronter des pirates morts que des cannibales vivants, dit alors Otis.
– Pareil, fit Meethook. Les pirates sont des crétins en général. Les cannibales sont par contre de fins cuisiniers.
– Trouvons cette tête de Singe, dit Carla pour clore le discours. Le plus vite sera le mieux.

Et je savais où elle était. Je l’avais vu tout à l’Est de l’île. Nous étions totalement à l’opposé. Une longue marche à travers la jungle nous attendait.

– Suivez-moi ! Je connais le chemin !

Des rires éclatèrent dans mon dos.

– Et arrêtez de regarder mes fesses !

Nous dûmes guerroyer férocement dans la jungle, en coupant de nos armes tous les obstacles naturels qui nous bloquaient le chemin. Aucune liane ne résista longtemps à nos lames et même si ce fut long, ce ne fut pas si dur que ça de faire notre chemin dans la brousse. Nous ne vîmes pas l’ombre d’un singe. Il y avait bien quelques serpents, araignées et autres jolies bestioles mais pas un seul exemplaire de cet animal. Bizarre quand même. L’île aux singes sans singes… je ne l’aurais pas cru. Nous arrivâmes à un grand cratère. Quelqu’un avait construit une forteresse secrète à l’intérieur. Quelqu’un d’autre l’avait détruite. Sinon, l’architecte était bien mauvais. La végétation était moins touffue mais couvrait néanmoins les parois de la petite forteresse. Otis jura. Il venait de se prendre les pieds dans un petit canon. La bouche pencha vers le sol et de la poudre ainsi qu’un boulet en jaillirent. Le boulet roula sur le sol et s’immobilisa devant quelqu’un. Un vieillard à la barbe grise sans pantalon. Il avait une peau mate mais ce n’était pas un cannibale. C’était un blanc super bronzé. Nous le menacions tous de notre lame ce qui ne semblait pas le préoccuper plus que ça. Il fut par contre choqué de voir le foutoir que l’on venait de faire.

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