Les mémoires d’un pirate (081)

Je l’ouvris et me mis à lire les dernières pages : « Journal de bord du Capitaine, le 10 mars : Le matelot Toothrot et moi cherchons le trésor de l’île aux singes depuis un mois, sans succès. La carte que nous avions achetée est en fait une recette de cuisine.

Journal de bord du Capitaine, le 12 mars : J’aimerais que Toothrot prenne un bain.
Journal de bord du Capitaine, le 17 mars : J’aimerais que Toothrot arrête de ronfler.
Journal de bord du Capitaine, le 23 mars : Toothrot commence vraiment à m’énerver.

C’est juste une question de temps avant que ça n’éclate.

Journal de bord du Capitaine, le 2 avril : Toothrot a proposé de me faire à manger ce soir comme geste d’amitié. Comme il ne sait pas cuisiner, je lui ai donné la carte avec la recette.

Journal de bord du Capitaine, le 8 avril : Je ne sais pas comment, mais nous sommes arrivés à l’île aux singes ! Nous avons perdu conscience après avoir avalé la soupe que Toothrot a préparée hier soir. A notre réveil, l’île aux singes était à tribord.

Journal de bord du Capitaine, le 9 avril : Toothrot et moi avons rempli la chaloupe de vivres et nous sommes prêts à partir pour l’île aux singes. Nous sommes très heureux à la pensée d’être les premiers à découvrir son secret.

Journal de bord du Capitaine, le 10 avril : Nous avons dû faire demi-tour et retourner à bord du navire. Toothrot a oublié d’aller aux toilettes avant de partir. Nous repartirons demain ».

C’était la dernière page.

Hum… Qu’avait-il pu leur arriver ? Peut-être que la cuisine de Toothrot les avait empoisonné tous les deux ? En tout cas, je ne sais pas vous, mais cette histoire me donnait faim. Diablerie ! Je n’avais pas de cuisinier à bord ! Comment allions-nous donc faire ? J’étais fin prêt à affronter une horde d’ectoplasmes mais pas prêt à affronter la faim. Cet appétit me terrifia mais me redonna par la même occasion du poil de la bête. Mon équipage n’était pas ici pour s’amuser. Nous avions une mission !

Je remontai sur le pont pour assister à un spectacle des plus affligeants : mon équipage était en train de se faire bronzer, allongé dans de confortables chaises pliantes. Otis se faisait dorer au soleil en sirotant un bon cocktail de grog. Visiblement, il avait déjà oublié comment je l’avais fait sortir de sa cellule. Carla, elle, lisait un bouquin sur la vie de Barbana Jones, le corsaire aventurier. Goodnight, bien entendu, dormait paisiblement, tandis que Meethook tentait vainement de faire une partie de solitaire. Mais ce n’était pas facile de retourner les cartes quand on avait des crochets à la place des mains. Ah, ils étaient beaux, tous à moitié nus (45), avec leur maudites lunettes de soleil… Hé ! Mais c’était les miennes que portait Otis sur le nez ! C’en était trop !

– Alors les amis ? Pas trop fatigués ? leur demandais-je au bord de la crise de nerfs.
– Casse-toi Guybrush, me rétorqua simplement Otis.
– Tu me caches le soleil, ajouta Meethook à côté de moi.
– Vous voulez du soleil ? dis-je avec une idée soudaine en tête. Il paraît qu’il fait un temps superbe sur l’île aux singes…
– Tu peux toujours causer Guybrush, répondit Otis.

Par ma foi de canard ! Ils voulaient jouer les durs ? Ils allaient être servis !

– Allez bande de mutins, vous avez cinq secondes pour vous remuer !

Ils ne portèrent aucunement attention à mes mots. Ils continuaient leurs paisibles activités sans se soucier de leur gêneur de capitaine.

– Puisque c’est comme ça, repris-je plus fort, je vais devoir distribuer des coups de pied au derrière !

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45. Surtout Carla d’ailleurs.

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