Les mémoires d’un pirate (079)

Deuxième partie: Le voyage

Chapitre 10: La croisière s’amuse.

Que mon lecteur ne s’étonne pas de la brièveté de cette partie composée seulement et en tout et pour tout d’un seul petit chapitre. Ce n’est pas vraiment que le voyage fut inintéressant, loin de là. On pourrait même dire le contraire, le court temps alloué ayant été largement bien rempli. Le trajet entre Mêlée et l’île aux singes n’était pas des plus courts non plus. Alors pourquoi une description du voyage si brève ? Vous allez bientôt le découvrir, et ce serait peut-être déjà fait si vous ne m’interrompiez pas toutes les cinq minutes avec vos bêtes questions.

Nous avions bien perdu une sainte journée à réparer ce qu’il fallait sur le Singe des Mers. Et il y en avait du boulot à faire là-dessus. Jugez plutôt : mât central, coque, voiles,  chaloupe de sauvetage, bouées en forme d’éléphant (de mer)… Vraiment ce satané orage avait fait du dégât. Les pirates de l’île de Mêlée, bien que n’ayant pas voulu ou pu participer à l’excursion sur l’île aux singes, nous avaient aidé à retaper notre navire. Ces crapules ne voulaient pas l’avouer mais leur gouverneur leur manquait déjà horriblement. Ils croyaient déjà peu en nos chances de réussite, si en plus le bateau coulait avant d’arriver à destination… Bon, autant dire une fois de plus la vérité, c’était Carla qui avait permis un tel miracle, la jouvencelle se promenant en permanence sur le pont dans un fin bikini. Elles sont toutes pareilles ces féministes ! Elles nous reprochent qu’on ne cesse de les mater, mais elles semblent toujours nous provoquer ! Ce fut le marchand qui proposa le premier ses services mais les volontaires ne manquèrent pas vraiment par la suite non plus… En fait quand j’y pense, avec le nombre que nous étions, nous aurions dû finir de retaper le navire beaucoup plus vite que ça. Je crois que ces tire-au-flanc n’avaient pas le bricolage en tête à ce moment-là. Sans compter qu’il a fallu que l’on redescende Spiffy, le petit chien blanc du bar, coincé en haut du grand mât. Dieu seul sait comment il nous avait fait ce coup là !

Après cette journée de travail infernal, nous pûmes enfin larguer les amarres (44). La mythique île aux singes nous attendait. Où ça ? Aucune idée. Mais elle nous attendait, j’en étais persuadé. Sous le commandement courageux du Capitaine Guybrush Threepwood, le Singe des Mers repartait pour de nouvelles aventures ! Malgré notre manque d’équipement et d’expérience, notre équipage intrépide se préparait pour le voyage. Nous étions déjà loin des côtes de notre belle île de Mêlée, qui, je vous le rappelle, est perdue au milieu des Caraïbes.

Mon équipage n’avait pas renoncé à l’idée de se faire payer pour l’expédition mais j’avais malignement feint de ne pas les entendre. J’étais de toutes manières persuadé qu’à la fin de notre aventure leur honneur de pirate aurait oublié ces exigences financières. Je ne
comprenais pas pourquoi Otis insistait autant sur cette question. Il n’avait sans doute pas retrouvé le singe à trois têtes…

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(44). Et avec le Singe des Mers, larguer les amarres c’est un peu comme monter sur des montagnes Russes. Et on les a tellement larguées, qu’on ne les a jamais retrouvées.

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