Les mémoires d’un pirate (069)

Chapitre 9: Le Singe des Mers.

Et de deux ! Cela n’avait pas été facile mais je venais enfin de persuader Larry Goodnight de faire partie de mon équipage ! Il ne voulait rien entendre jusqu’au moment où je lui avais confié que la Reine du Sabre en personne viendrait avec nous ! Le seul ennui était que c’était absolument faux… Mais Goodnight avait trouvé ça si excitant de se retrouver dans une aventure avec une star nationale qu’il avait oublié ses craintes envers les spectres et le mal de mer. Puis, je réalisai que l’idée de demander réellement à Carla de venir n’était pas si mauvaise que ça. Bien sûr, une femme à bord porte malheur, c’est ce que vous affirmeront tous les pirates qui se respectent. Mais Carla n’était pas une femme ordinaire, c’était la sulfureuse mega-star de l’île de Mêlée ! Il était temps qu’elle reparte à l’aventure, pour le plus grand plaisir de ses fans.

J’eus un mal fou à retrouver sa maison. Et qu’elle ne fut pas ma déception en n’y trouvant âme qui vive. Elle avait laissé une note disant qu’elle était allée chercher le pain. Je me demandais pourquoi elle jugeait bon de prévenir ses éventuels visiteurs avec ce papier puisqu’en théorie il n’y avait que moi et le marchand qui connaissions sa planque. Bon, j’allais l’attendre patiemment. De toutes manières, je n’avais rien d’autre à faire puisque cet abruti de marchand m’avait refusé un crédit.

– Tu as un emploi, n’est-ce pas ? Un travail ? m’avait-il demandé auparavant.
– Bien sûr, avais-je menti. Je suis un acrobate dans un cirque itinérant.

Après tout j’avais fait le grand saut dans un canon. Mais le marchand m’avait rétorqué judicieusement :
– Tu fais partie de la troupe Macaroni ? Tu n’es pas habillé comme il le faut ! Ou sont tes chaussures idiotes ?

Bref, j’avais foiré mon coup. Pourtant, les gens n’arrêtaient pas de me traiter de clown… Ah ! Carla était de retour. Elle semblait toute affolée, et pourtant elle ne m’avait pas encore aperçu. Constatant qu’elle n’avait pas de pain, j’en conclus que c’était cet oubli qui le contrariait.

– Bonjour Carla…

Elle se retourna vers moi en me jetant un regard glacial.

– Qu’est-ce que tu fais là toi ? Tu as déjà eu le T-Shirt. Tire-toi de là, j’ai à faire !
– Tu as rendez-vous avec le marchand ?

Cette fois, elle me fusilla du regard. Inutile de préciser que c’était du gros calibre.

– Le gouverneur a été kidnappée, me dit-elle. Et il faut bien que quelqu’un se dévoue pour aller la chercher.

Ah ! J’étais sûr que son sens moral et civique de citoyenne de Mêlée lui aurait ordonné une telle action. J’étais fier d’elle et de son courage avant qu’elle n’ajoute maladroitement :
– Je lui ai prêté un livre de cuisine, et je tiens à le récupérer.

Hum… Toutes les motivations sont bonnes, pourrait-on dire.

– Et bien justement, fis-je, ça tombe bien que tu en parles car j’avais l’intention d’engager un équipage pour aller la chercher.

Elle me regarda étonnée.

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