Les mémoires d’un pirate (059)

Chapitre 8: La grande évasion.

– Un mufle ! Voilà ce qu’il est !
– Qui ça ?
– Comment ça qui ça ? Le roi de l’épée, pardi ! M’abandonner juste quand on commençait à bien s’entendre !

En effet, souvenez-vous, je l’avais enlevé à ses petits camarades, au milieu des couteaux, haches, et autres coupes-papier rouillés. Le sabre de Goodnight pleurnichait comme une madeleine sauf qu’il n’était pas une madeleine mais un sabre. Si.

– Mais que dis-je ? s’exclama le sabre furibond. Ce n’est pas un mufle mais un sale
porc !
– Un porc ? Où ça ? fit le coupe-viande, soudainement intéressé par la conversation.
– Ah, je vous jure ! Il avait beau être le plus vantard des ustensiles de cuisine, je dois bien reconnaître qu’il avait du… piquant.

Un silence gêné s’installa progressivement. Les armes baignaient dans une mélancolie palpable.

– C’est bien le porc, déclara subitement en solo le coupe-viande. C’est un véritable art
que de découper le porc, vous savez ?

Pas de réponse. Et soudain, un couteau rouillé de boucher vint mettre sa petite graine dans la discussion :
– C’est surtout « lard » du cochon, tu veux dire !

Et toutes les armes au fond de la mer se mirent à glousser en choeur, dégageant vers la surface des milliers de petites bulles.

– J’ai rien compris… déclara une cuillère à soupe échouée là par hasard.
– C’est normal, lui expliqua une hache de guerre. Ton humour manque de tranchant, c’est pour ça !

« Splash » ! Voilà le bruit que l’on entend en se recevant un seau d’eau sur la figure. Certains avaient beau soutenir que c’était plutôt « Splosh », mais point. C’était bien le premier bruit qui m’était parvenu jusqu’aux oreilles quand on me réveilla de mon court coma. J’ouvris les yeux tout grand, à peine la masse s’était-elle abattue sur moi. Sous l’impact, je m’affaissai sur les genoux, la vision quelque peu brouillée. Je vis une silhouette sortir de l’ombre.

– Hé ! fit-elle un seau à la main.

Je me frottais le crâne puis les yeux, avant de les cligner vers ce qui ressemblait fort au guetteur myope de l’île de Mêlée.

– Ne reste donc pas planté là comme un imbécile, Sleepgood !

Mes idées commençaient à s’éclaircir, faisant place à une certaine contrariété.

– THREEPWOOD ! criais-je. Mon nom c’est Guybrush Threepwood!
– Le gouverneur a été kidnappé!

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