Les mémoires d’un pirate (056)

Mon coeur battait la Marseillaise, avec de temps en temps quelques fausses notes, et j’aurais volontiers accepté que Shinetop m’étripe pour une seule autre de ces apparitions. Elle semblait si jeune… elle ne pouvait avoir plus de vingt ans…

– Que se passe-t-il ici ? demanda-t-elle d’un ton innocent que l’on aurait pu attribuer à
un ange. (36)

Shinetop se retourna fièrement vers elle, exposant un grand sourire niais.

– J’ai surpris ce voyou en train de s’échapper avec l’idole aux mains nombreuses, gouverneur ! Vous le croirez ou non, mais ce mécréant osait me dire que sa place était (il se mit à ricaner) dans un musée !

Il en gloussa tellement que cela paraissait aberrant.

– C’est vrai, répondit divinement le gouverneur. Sa place est dans un musée.
– Comment ?

Elle m’adressa un coup d’oeil furtif. En plus, elle avait une poitrine de dimension plus que correcte ! Fabuleux !

– Et puis tu sais très bien qu’elle n’a pas de mains, ajouta le gouverneur la plus sexy du monde.
– C’est impossible ! protesta le shérif. Il doit y avoir une erreur !
– Tu m’as entendu Fester.

Je ravalai discrètement la bave qui coulait vers mon menton. Je croyais me souvenir qu’elle n’aimait pas trop ça.

– Ce qui me préoccupe plutôt, c’est de savoir comment il a réussi à entrer ici alors que tu
étais de garde ?

Des pêches ! Ses seins me faisaient penser à deux superbes pêches !

– Je… enfin… bredouilla l’homme qui n’en revenait pas d’un tel retournement.
– Tu peux disposer. Je vais m’en occuper.
– Ca alors ! grogna le shérif.

Et puis elle avait de magnifiques boucles d’oreilles en forme de banane, et le foulard violet attaché autours de son cou lui donnait une allure si sexy. Je l’aurais dévorée sur place: les bananes, les pêches, et tous les fruits sur elle. Fester, me réveillant momentanément de mon hébétude, me menaçait du doigt.

– Je m’occuperai de toi plus tard, me promit-il tout bas.

Et il partit enfin. Je me retrouvai seul avec le gouverneur ! Mais impossible de lever les yeux vers elle, maintenant. Damnation ! Elle avait de jolis pieds, mais quand même !

– Je m’excuse de cet incident, me dit-elle. Il fait encore son apprentissage.

Timidement, je levai la tête vers son visage angélique. Elle me parlait ! Elle me parlait !

– Je me présente : gouverneur Elaine Marley.

Sa belle bouche, aux lèvres pulpeuses, laissait apparaître une dentition parfaite. Elle avait juste un peu de persil dedans mais elle le prendrait probablement mal si je le lui disais.

– Alors comme ça, sa place est dans un musée, hein ? me dit-elle en m’adressant un clin d’oeil fripon.

Elle empestait… sentait bon le parfum de Paris.

– A vrai dire… osais-je seulement prononcer avant qu’elle ne m’interrompe.
– Ne vous en faites pas, Threepwood.

Crise cardiaque. Elle connaissait mon nom ! Et elle le prononçait sans l’écorcher. Elle me confia d’ailleurs plus tard qu’elle s’était entraînée des heures durant devant sa glace.

– Je sais pourquoi vous êtes ici. Croyez-moi, vous n’êtes pas le seul. Malgré tout, je dois admettre que vous avez réussi à aller plus loin que les autres.

Des pêches bien rondes…

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36. Quoique les anges n’ont pas de sexe… Oubliez ça.

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