Les mémoires d’un pirate (051)

Un caniche s’écroula. Puis un deuxième, suivi d’un troisième et d’un quatrième. Mais le cinquième et dernier dont la laisse était plus courte était toujours opérationnel ! Il n’avait pu profiter comme les autres de mon somptueux cadeau et il continuait à me briser les tympans… Un petit morceau de viande, miraculeusement épargné, pendait au bout des babines de l’un des caniches-piranhas venimeux. Mon dieu ! J’allais me retrouver dans le même état que Meethook en faisant cette folie ! Je commençais à comprendre ce que ressentait un dompteur en plaçant la tête dans la gueule d’un lion en retirant délicatement le morceau de viande de la bouche du toutou féroce mais endormi. Le monstre éveillé grognait hargneusement à quelques centimètres de mon visage, je sentais la puanteur de sa gueule qui empestait encore le sang de ses précédentes victimes. Soudain, la chaîne se rompit et l’horrible animal bondit sur moi ! Il me renversa, me faisant rouler sur plusieurs mètres. Lorsque je me redressai pour chercher un arbre où je pourrais me planquer, je réalisai avec joie que le dernier caniche-piranha venimeux avait à son tour trépassé. En regardant ma main, je constatai que le morceau de viande avait disparu. Mais j’avais la sensation étrange qu’il n’avait pas été perdu pour tout le monde (33).

Je pris le garde sur mes épaules et lui fis avaler quelques pétales jaunes. Aucun risque ainsi qu’il ne se réveille avant un bon moment. Je m’approchais de la porte du palais  lorsque soudain, un second garde l’ouvrit pour moi. Il avait dû être probablement alerté par ces vermines de cabots. Il me regarda ébahit.

– Mais qu’est-ce que…
– Regarde derrière toi ! l’interrompis-je. Un singe à trois têtes !

Lorsqu’il se retourna (ça marche à tous les coups) j’en profitai pour lui balancer les pieds de son éminent collègue à la tête. Il s’écroula à son tour et je lui fis, pour ne pas faire de jaloux, profiter des pétales jaunes qu’il me restait. C’est drôle mais ils avaient une odeur tellement forte qu’elle me faisait tourner la tête. Quel puissant soporifique ! L’intérieur du palais n’avait plus rien à voir avec l’extérieur. Le salon était gigantesque ! Des tapisseries d’un rouge vif, agrémentées de fleurs de lys couleur doré, recouvraient les murs de la pièce. De grands tableaux étaient accrochés un peu partout : il y en avait un du Captain Choc sur son cheval, un autre de Barbe Bleue en string sexy et même le portrait d’un Lord étrange tout vêtu de noir, coiffé d’un casque en forme de cloche à fromage, portant une plaque décorée de boutons multicolores sur sa poitrine et avec un masque effrayant qui recouvrait sa figure. Tout à fait le genre d’homme qu’il fallait pour ma tante Edna.

La salle était également remplie de bibliothèques : « L’île aux pirates VII, le retour du retour de Long John Silver, pas content en plus » ou « Manuel de pirate, pour les nuls » encombraient leurs rayons. Sans oublier les superbes chaises en bois poli du siècle dernier, spécialement importées de France. Quel dommage qu’il ait fallu que j’en fracasse une sur la tête d’un troisième garde, entré dans le salon sans y avoir été invité. Je tâtais les rideaux bleus… du velours. Chic chic cet endroit.

La salle aux trésors était au fond, il fallait juste monter quelques marches pour y accéder. Hum… trop évident. C’était probablement fermé et le chemin rempli de pièges vicieux. Je savais déjà qu’il me faudrait trouver une autre entrée.

A l’aide d’un cordon de rideau, j’attachais solidement les gardiens de la paix. Arrachant un peu du tissu de leur veste, j’achevais le travail en les bâillonnant. Pensant que quelqu’un pourrait trouver ça suspect, je décidai judicieusement de les balancer dans l’un des innombrables placards du palais.

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33. Important: ces chiens ne sont pas morts, ils sont juste ENDORMIS. Aucun animal n’a été blessé au cours de cette aventure.

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