Les mémoires d’un pirate (039)

Je le regardai médusé sous les yeux satisfaits de la voyante africaine. Puis, subitement, il stoppa son tourniquet infernal. Incroyable ! Non seulement ses blessures étaient entièrement guéries mais en plus ses vêtements semblaient comme neufs !

– Splendide ! s’écria Goodnight en exécutant une espèce de danse à claquettes.

Lady Voodoo se tourna vers moi un grand sourire aux lèvres. J’étais muet par la surprise !

– Bon, fit-elle. C’est ton tour.

J’ouvris lentement la bouche en fermant les yeux priant pour que cela n’ait pas le même goût que l’horrible sirop que me donnait ma mère. La poudre craqua sur ma langue, puis je me dressai d’un bond comme si je m’étais assis sur un oursin. Ma première impression fut que mon corps devenait tout élastique. Je sentais ma peau qui se remodelait, et peu à peu mes blessures cicatrisèrent. Soudain ma tête se mit à tourner comme une toupie, puis ce fut mon corps ! Et alors que je tourbillonnais à une vitesse fulgurante, toute cette magie vaudou stoppa. C’était fini, j’étais entièrement remis à neuf, y compris mon magnifique « Pierre Cradingue » qui semblait avoir été lavé, et repassé. Mieux, lorsque j’avais acheté cette chemise je ne l’avais payé qu’à moitié prix à cause d’un défaut, un minuscule point rouge près du ventre. Et bien lui aussi avait disparu !

Alors que je contemplais ce miracle, la voyante s’adressa à moi d’un air grave :
– Et maintenant, va affronter la redoutable Reine du Sabre, Guybrush.
– Mais comment savez-vous que…
– Pars Guybrush ! Va affronter ta destinée !

Et sur ce, elle disparut dans un éclair de lumière, la fumée en plus. Elle était énervante à la fin avec ce maudit tour de magie !

En m’apercevant, la Reine du Sabre ne put que laisser échapper un énorme soupir. Elle me lança un regard qui aurait déjà pu faire trépasser les plus braves ! Je n’étais pas le bienvenu, personne ne l’était ici d’ailleurs, si l’on exceptait peut-être le livreur de pizzas (25).

– Encore toi ! se plaignit-elle.
– Eh oui ! dis-je fièrement. Je suis plus collant que tes dessous !

La Reine du Sabre prit une mine outragée.

– Et que veut dire ce charabia ?
– Et bien oui : les femmes portent des collants, non ?

Carla se gratta la tête, sortit un… euh non, je me trompe de personne. Elle se gratta juste
la tête et roula les yeux comme des billes avant de déclarer :
– Si tes insultes sont aussi bonnes que tes jeux de mots tu peux déjà prendre tes jambes à ton cou !

Le duel avait déjà commencé…

– Rien à faire ! lançais-je bravement. Je te tiendrai tête jusqu’au bout !

Et je portai la main à ma hanche, à la recherche de ma belle et fidèle épée.
Pendant ce temps au fond de l’océan…

– Ecoute, dit mon épée : on ne m’appelle pas le « roi de l’épée » pour rien tu sais ? Alors crois-en mon expérience quand je te dis que rien ne vaut une bonne tête tranchée !
– Bah ! répliqua vulgairement le sabre de Goodnight. Un poumon transpercé, ça c’est l’extase ! C’est à vous couper le souffle même.
– Peuh ! souffla élégamment mon arme dans un nuage de bulles. Tu es d’une banalité !

D’un rasoir !

– Et toi tu n’es qu’un mauvais coupe-papier !
– Répète-moi ça pour voir ? Mais répète-le si tu en as le courage !

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25. A condition qu’il ne mette ni anchois ni champignons dessus.

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