Les mémoires d’un pirate (038)

Et il s’en rendit rapidement compte : ne supportant plus une telle pression, ses yeux virèrent au blanc et malgré un ultime effort pour résister à son inénarrable (24) destin, il chuta à la mer. Je n’aurais pas tardé à le rejoindre si Mancomb Seepgood et Sylvester Smirk ne m’avaient pas soutenu par les aisselles. Smirk leva mon bras vers le ciel et Seepgood s’écria :
– Voici notre nouvel espoir masculin !

La foule laissa éclater sa joie. Peut-être serais-je de taille à battre la Reine du Sabre finalement. Au milieu des pirates enthousiastes, le shérif Shinetop rongeait son frein et se retira sobrement. Au fond de lui, il bouillonnait : je n’allais pas m’en sortir à si bon compte…

On alla repêcher Goodnight qui n’en revenait toujours pas de sa cuisante défaite. Mais aussi et surtout de constater que l’eau mouillait !

– Ca devait bien faire cinq ans que je n’avais plus pris de bain ! dit-il sans mentir. Ca me fait tout drôle.

Fair-play, il vint me serrer la main. Et alors que la foule se rendait au Scumm Bar pour se remettre de ses émotions, je tombai dans les pommes, voire dans les choux, suivi peu après du brave Goodnight.

Smirk et Seepgood nous regardèrent et conclurent :
– Je ne crois pas que Guybrush soit en état de battre qui que ce soit. Allons voir Lady Voodoo.

Lorsque je me réveillai, j’étais chez la voyante. Juste à côté du coffre à coup sûr rempli de cadavres humains en décomposition. Goodnight était étendu à ma droite. Lui aussi reprit ses esprits et ne sembla pas rassuré de se retrouver ici. Avait-il lui aussi volé un poulet crevé en plastique avec une poulie au milieu à la voyante ?

Cette dernière apparut comme par magie sur son trône macabre.

– Bonsoir, mes amis…

Elle claqua des doigts et fit apparaître deux grogs devant nous.

– Servez-vous, nous dit-elle aimablement.
– Non, non, non ! Sans façon ! s’écria Goodnight en repensant encore à celui que je lui avais balancé au visage.

Quant à moi, je refusai poliment.

– Bon…

Elle tapa dans ses mains et les grogs repartirent comme par enchantement dans je ne sais trop quelle dimension. A moins qu’ils ne soient tout simplement retournés au frigo.

Lady Voodoo s’approcha de nous et observa avec attention nos blessures. Je me méfiais un peu de cette guérisseuse car c’était bien la première fois qu’un docteur ne me demandait pas d’enlever mon pantalon. Au bout d’un moment elle déclara :
– Je crois que la poudre « remet en forme en moins de temps qu’il ne faut pour le dire »
suffira largement.

La diseuse de bonne aventure alla chercher quelque chose du côté des étagères. Elle poussa plusieurs bocaux et en prit un rempli de poudre granuleuse bleue. Elle s’approcha de Larry et lui dit :
– Ouvre ta bouche.

Goodnight obéit. Une pauvre mouche qui passait malencontreusement par là, mourut dans d’atroces souffrances. Lady Voodoo déposa quelques milligrammes de la poudre sur sa langue. Alors que la poudre pétillait, Goodnight se redressa brusquement comme un piquet.

Son visage se déforma après s’être mis à fumer et, aussi incroyable que ça puisse paraître, les brûlures et les plaies de Goodnight se refermèrent sans laisser la moindre cicatrice ! C’est alors qu’il se mit à tourner sur lui-même, se transformant en petit tourbillon.

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24. Je ne sais pas vraiment ce que ce mot signifie mais j’ai toujours trouvé qu’il était beau. Pas vous ?

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