Les mémoires d’un pirate (035)

Il me chargea le sabre en avant. Une attaque certes sans finesse mais qui traduisait bien son intention de me transformer en gruyère le plus vite possible. J’esquivai tel un toréador sa ridicule petite charge à tête baissée puis parai son attaque verticale vers mon visage. Il eut un sourire malicieux.

– Tu peux encore prendre tes jambes à ton cou ! me dit-il soudain.

Il fit pivoter son sabre et d’un coup extrêmement violent sectionna deux boutons de ma chemise « Pierre Cradingue ».

Lançant mon épée vers l’avant, il dut reculer pour ne pas se faire transpercer.

– Rien à faire, lui dis-je en plaquant mon épée en face de mon visage puis en l’abattant vers le bas, je te tiendrais tête jusqu’au bout !

Je visai sa poitrine, il parvint difficilement à parer cette attaque vicieuse. Je profitai de son déséquilibre pour lui balancer un coup vers les jambes, mais je ne pus lui faire qu’un misérable petit accroc à son pantalon. OEil pour oeil… Goodnight regarda la déchirure puis me lança :
– Dis-donc l’avorton ! Tu te bats comme un boeuf !

Smirk, qui s’était placé devant la porte d’entrée du Scumm Bar priait pour que je me souvienne de ses leçons. C’était la première insulte qu’il m’ait apprise à contrer, je ne pouvais pas le décevoir.

Je redressai mon épée et lui balançai un coup si puissant qu’il dut reculer de trois pas.

– C’est parfait, car toi tu te bats comme une vache !

Sylvester Smirk me regarda du coin de son oeil satisfait et, étant donné qu’il n’en avait qu’un, durant cet instant d’inattention il ne put voir la porte du Scumm Bar s’ouvrir sur lui et il se la prit en pleine poire. Le bruit de ce violent impact me déconcentra un bref instant, laissant une ouverture à mon féroce adversaire. Il me poussa à l’aide de son sabre jusqu’à l’extrême bord du ponton. J’étais prêt à prendre un bon bain et lui à me porter le coup de grâce lorsqu’il voulut trop en faire :
– Bave pas comme ça ! Ton épée va déraper !

Je le fixai droit dans ses yeux de zombi.

– Je vais te la fermer une bonne fois pour toutes… lui répondis-je sûr de moi.

Je fis un roulé-boulé entre ses longues et maigres jambes, me retrouvant pour un bref instant dans son dos. Je lui fouettai le postérieur avec mon épée ce qui lui fit se dresser chacun des poils qu’il avait sur le corps. Y compris sur ses parties intimes, oui, je pense.

Il se retourna pétrifié. Goodnight était un gars qui perdait facilement sa patience et sa concentration. Il s’énervait déjà et par la suite je sentis moins d’attention dans la portée de ses coups. Il les lançait de plus en plus au hasard mais avec une puissance par contre décuplée.

S’il parvenait à me toucher, c’en serait fini du petit Guybrush et de ses mémoires.

– Sous peu, je vais t’embrocher avec mon épée ! hurla-t-il en lançant une nouvelle attaque aussi puissante qu’irréfléchie.
– Il faudrait d’abord que t’arrêtes de la brandir comme un plumeau, tu ne crois pas ?

Smirk, le nez tout rouge, se vantait fièrement auprès des autres pirates :
– C’est moi qui lui ai tout appris ! disait-il tout souriant.

Et la porte s’ouvrit encore une fois, lui faisant sauter une ou deux dents.

C’est alors que le shérif Shinetop fit son apparition. Il se renseigna auprès de la foule sur les événements présents.

– Mais qu’est-ce qui se passe ici ? s’inquiéta-t-il. Les manifestations sont interdites à ces heures tardives !
– C’est Goodnight et le nouveau qui passe ses épreuves ! lui répondit un petit vieux tatoué de la tête à son unique pied. Ils se battent en duel à mort !
– Vraiment ? fit le shérif soudain intéressé. Ca change tout. J’espère que cet avorton se prend la raclée qu’il mérite.

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