Les mémoires d’un pirate (034)

Chapitre 5: A la fin de l’envoi… je transperce !

J’avais croisé le fer durant deux bonnes journées, avec pratiquement tous les pirates de l’île de Mêlée. Les défiants l’un après l’autre, des pirates puants aux affreux en passant par ceux assoiffés de sang et aux sales pirates pourris, aucun ne résista à mes assauts verbaux.

Question agilité j’étais vraiment au top, un vrai élastique. Quant aux insultes, elles volaient de tous les côtés « J’ai parlé à des singes qui étaient plus polis que toi ! » ou « Bave pas comme ça, ton épée va déraper ! ». Aucun doute : ici on était vraiment chez les pros. Mais bien vite, je devins moi-même l’homme le plus grossier de l’île ! Personne ne résistait à mes redoutables insultes. Désormais, j’étais fin prêt. Mais avant d’affronter la Reine du Sabre il me restait une personne à battre. Le numéro deux de cette île.

Je fis irruption dans le Scumm Bar. Personne ne fit véritablement attention à moi. Scrutant chacune des tables je le cherchais. Il ne pouvait-être qu’ici cet endormi. Ah ! Le voilà ! Assis à la même table que Mancomb Seepgood, Larry Goodnight lui racontait comment on faisait cuire la truite.

– Goodnight ! lançais-je à travers le bar d’une voix à ne pas faire trembler grand monde.

Il se tourna vers moi, au moment où il indiquait le temps de cuisson à son interlocuteur.

– Je vais te chanter une berceuse que tu n’oublieras pas de sitôt… lui annonçais-je d’un sourire salace.
– Hé ! fit-il. Mais c’est mon ami Goodluck !

Je tapai du pied sous la colère, explosant au passage un cafard égaré. Au lieu du traditionnel « Pan », le coup fit donc un « Scrouitch » écoeurant qui dégoûta tous ceux qui se trouvaient dans le Scumm Bar.

– Tu as écorché mon nom une fois de trop, gredin ! Si tu es assez brave pour m’affronter, sors d’ici immédiatement et rendons-nous sur le ponton !

Le lieu du duel était plutôt bien choisi : devant le Scumm Bar, sur un petit ponton. Au moindre faux pas, nous étions bons pour faire trempette avec nos amis les poissons. Il fallait rester concentré en permanence pour ne pas chuter dans l’eau de mer.

Une foule de pirates était venue assister au combat du siècle… plutôt de la soirée… ou plutôt de 11 heures 37 du soir car après nous il y avait une liste d’attente longue d’un kilomètre. Parmi la foule, mon professeur le capitaine Smirk qui était venu dépenser mes 30 pièces de huit dans quelques verres de grog. Du coup avec lui présent ici, j’avais un peu le trac !

Goodnight se planta devant moi et de son air endormi me fixa méchamment dans les yeux.

Il tentait de m’intimider mais il me faisait en réalité plus rire que peur… Mais par respect pour sa personne je gardai mon sérieux. Il grogna. On aurait dit le chien de mon ancien voisin, ce sale chiwawa qui n’arrêtait pas de me mordre les mollets dans ma jeunesse. Il me terrorisait ce sale roquet ! Et de le revoir en Goodnight, ça me redonnait du baume au coeur et l’esprit de vengeance. Ca me fichait en rogne même.

Je dégainai mon épée. Il fit de même.

– En garde ! me lança-t-il avec une originalité déconcertante.

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