Les mémoires d’un pirate (025)

Sans attendre un instant supplémentaire, je sortis ma superbe pelle de mon sac. En fait, elle n’était pas si superbe que ça mais elle semblait pouvoir creuser. Je crois que l’essentiel dans l’existence d’une pelle tient là-dedans.

– Ca ne devrait pas prendre trop longtemps… pensais-je alors.

Mais après plusieurs heures dans un trou de six mètres de profondeur…

– Hé ! criais-je sous l’excitation. Je crois que j’ai heurté quelque chose !

Laissant tomber ma sup… ma pelle d’un ordinaire absolument scandaleux, je me mis à frotter le sol de mes petites mains. En quelques secondes, je déterrai un petit coffre probablement rempli d’innombrables richesses.

Sortant avec difficultés de mon trou (21), et sans oublier ma pelle qui finalement n’était vraiment pas si terrible, je déposai le coffre devant moi. Il était fermé d’un solide cadenas…

– … en plastique ?

Ils auraient pu me laisser la clé, cela ne m’aurait pas causé plus de difficultés que d’arracher cette frêle petite chose. D’un coup de pelle je l’explosai, découvrant ainsi le contenu du coffre :
– Un T-Shirt et un bout de papier ?

Le papier m’annonçait sobrement que Bravo, j’étais le 487ème à avoir trouvé le trésor de l’île de Mêlée et qu’il me faudrait maintenant reboucher le trou car les trous comme ça, dans une obscure forêt ça pouvait être dangereux et que le syndicat n’était nullement responsable des accidents qui pouvaient s’ensuivre… Quand au T-Shirt, bien que trop grand il était néanmoins très joli, avec écrit en lettre de sang : « J’ai trouvé le trésor de l’île de Mêlée ».

Je jetai un coup d’oeil autour de moi. Bon. Et bien il me fallait remettre toute cette terre en place maintenant.

Quelques heures plus tard je finis enfin ce sale boulot. Avant de partir, je déposai cette petite pelle de trois sous au pied de la borne. Elle servirait au 488ème à déterrer peut-être un caleçon ? Paraît-il que le 500ème gagnait un repas au Scumm Bar. Pfiou ! Le pauvre ! Dire qu’à treize près, c’était moi le malheureux qui s’y collait. Le chiffre treize porte définitivement bonheur, finalement…

Enfin, je quittai les lieux. Il me fallait un peu de repos. Peut-être trouverais-je une chambre de libre au village ? Je continuerai les épreuves demain.

Alors que j’exécutais la danse du singe à l’envers, un type sortit de derrière la borne du trésor un pot de peinture à la main. C’était le snobinard du conseil des pirates.

– Quel drôle de type, se dit-il en me regardant m’éloigner et me prendre encore un maudit arbre.

Et il peignit une croix un peu au hasard sur le sol. Avec tous les trésors bon marché cachés sous ce sol, il avait peu de chance de manquer l’emplacement… Le seul problème avec ce système c’était la numérotation. En réalité, j’avais trouvé le 487ème lot mais j’étais le 3269ème à trouver quelque chose ici.

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21. J’étais en effet d’une timidité maladive.

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