Les mémoires d’un pirate (017)

Bon, ce boulot m’était plutôt nouveau mais je ne perdais jamais une occasion facile de m’envoyer en l’air. Surtout pour de l’argent.

– D’accord, c’est bon, leur dis-je.

Les frères sautèrent de joie. Je fis de même par politesse. On avait l’air fin au milieu du chapiteau à sautiller comme des cabris. En plus, eux étaient vêtus de collants moulants. Alfredo alla chercher un objet à côté du canon. On aurait dit un casque, mais il était tout cabossé. Je ne pouvais pas mettre ça ! Dans son état, c’est moi qui le protègerait du  choc et non l’inverse !

– Tiens, me dit-il en me le proposant.
– On ne voudrait pas que tu te blesses, continua l’autre.
– Non m’sieur !

Je ne pouvais pas enfiler ça ! Mon dieu, j’aurais voulu voir son ancien propriétaire, où ce qu’il en restait ! A mon avis, cet homme-canon avait dû se recycler en homme-éléphant !
C’est alors que j’aperçus ce qui allait me sauver la vie. Il traînait encore sur la table une
marmite de spaghetti…

– Vous permettez ? leur dis-je en jetant au loin le casque défoncé.

Je pris la marmite et la leur montrai.

– Ah, parfait comme casque, commenta Bill.

Je partageais cet avis. Dommage que les spaghettis aient été si durs. S’ils avaient été  cuits à la française, vous savez, trop cuits, mous et poisseux, je les aurais laissé à  l’intérieur. Ils m’auraient fourni une seconde couche protectrice et auraient encore plus amorti le choc. Mais ce n’était pas le cas et je jetai les restes aux lions malgré la pancarte  qui m’indiquait qu’il ne fallait pas nourrir les animaux. Alfredo plaça un tabouret devant la bouche du canon, c’était à moi de jouer maintenant.

– Monte dans le canon, me dit Bill.
– On s’occupe du reste, me rassura Alfredo.

Lentement, j’enjambai la bouche du canon. Elle était sale, pleine de poudre et de suie. Je me couvris de ma marmite et me préparai au voyage.

– C’est bon ! leur criais-je de ma tanière.

Alfredo alluma la mèche.

C’est bizarre, quelque chose clochait, et je ne dis pas ça pour ajouter un peu de  suspense.

J’avais la terrible impression d’avoir commis une grossière erreur…

C’est alors que Bill aperçut mes pieds qui dépassaient de la bouche du canon.

– Mais il s’est mis à l’envers !
– Quoi ?

Alfredo tenta de souffler sur la mèche. Trop tard. Dans une détonation qui sembla m’arracher les oreilles, je fus propulsé dans les airs sous les yeux ébahis et attristés des  deux frères. S’il existait une compétition acrobatique d’homme-canon, j’aurais probablement gagné de nombreuses médailles avec un saut pareil, pas de doute possible à ce niveau. Cette expression d’expulsion soudaine, je ne l’avais plus ressentie depuis ma naissance. Mais cette fois ce ne fut pas un médecin qui m’attrapa et arrêta ma course  mais le pilier central du chapiteau. Inutile de préciser que ça faisait bobo. Beaucoup bobo  à Guybrush. Lentement, je glissais le long du pilier jusqu’au sol.

Les frères s’approchèrent de moi me regardant inquiet. Puis ils sautèrent de joie en exécutant une étrange danse folklorique.

– Ca marche ! s’écria Bill.
– Je suis bien soulagé! souffla l’autre gugusse en vert.

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Et puis n’oubliez pas que nous nous trouvons actuellement sur l’île de Mêlée. Comment  voulez-vous que je trouve le secret d’une autre île ici ? Faites un peu fonctionner votre petit  cerveau, stupides lecteurs

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