Les mémoires d’un pirate (008)

Je n’y comprenais rien. Quel charabia ! LeChuck était-il vivant ? Mort ? Les deux peut-être
? Impossible. Ce ne pouvait-être qu’un conte de bonnes-femmes alcooliques. Ma mère me disait bien durant mon enfance que le vilain fantôme, chauve de surcroît, viendrait
m’enlever si je ne finissais pas mes tripes de sanglier (8). Mais je n’étais pas dupe : les fantômes n’existaient pas. Et encore moins chauves ! C’était une invention sortie tout droit d’un esprit fertile, un peu comme celle sur les femmes belles et intelligentes. Encore une légende ! Mais je m’égare ! Revenons à nos tripes, voulez-vous ?

Nous reprîmes (pas des tripes, suivez un peu que diable !) notre conversation sur feu-
LeChuck.

– Maintenant, il navigue entre ici et l’île aux singes, continua-t-il. Son navire fantôme
sème une terreur sans pareil sur l’océan : c’est pourquoi nous sommes tous ici au lieu de
pirater.

Exaspérant bla-bla ! Je n’avais jamais entendu motif de grève plus stupide ! Et pourtant,
en général, ça peut aller très loin. Mais là, c’était le summum !

– Ecoute, reprit-il, cette histoire de LeChuck m’a traumatisé, alors si tu permets…

Sur ce, je le laissai à ses divagations. Et puis, j’avais d’autres perroquets à plumer (9). Il me fallait rencontrer ce fameux conseil des pirates en espérant que ses membres ne soient pas également en grève. Derrière ce grand rideau rouge, m’avait à peine dit le sympathique Seepgood. Derrière se trouvait le conseil. Je dirais maintenant grâce au recul : derrière ce rideau se trouvait ma destinée !

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8. Spécialité d’un petit village breton d’Armorique. Parait qu’y en a qui aiment. Moi pas.
9. Autre proverbe pirate, en effet.

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